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Une culture de la théologie à l’université

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Tim Muldoon - publié le 20/12/15
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La théologie n’est pas morte… mais elle n’est pas en grande forme. J’ai récemment souligné le fait que nous utilisons le mot culture pour parler à la fois du contenu d’une boîte de Pétri et des facteurs sociaux qui contribuent au sentiment d’appartenance d’une communauté. Dans les deux cas, culture renvoie à croissance et bien-être. La boîte de Pétri, où les cellules sont mises en culture, et l’université, où les jeunes gens se cultivent, fournissent toutes deux les nutriments et ressources nécessaires à la croissance.

L’image de la boîte de Pétri est utile pour comprendre la question plus générale de la culture au sein du catholicisme et le rôle des théologiens dans la promotion de la culture à l’université. Le rôle “cultivateur” de la théologie était au cœur des récentes discussions entre les théologiens et Ross Douthat du New York Times. S’interroger sur la nature de ce rôle revient à se demander ce qu’est la théologie, ce qu’est la tradition catholique et comment les universités catholiques devraient-elles enseigner la théologie de sorte à faire grandir leurs étudiants. Comment la théologie façonne-t-elle la culture et inversement ?

L’université est en quelques sortes un lieu de mise en culture, où les jeunes sont supposés grandir et où les adultes acquièrent d’avantage de connaissances et de sagesse. La théologie y a-t-elle une place ? Le célèbre argument de Newman consiste à dire que la théologie, dans la mesure où il s’agit d’une branche du savoir, devrait faire partie d’une institution qui cherche à promouvoir le savoir universel. (J’ai tendance à être d’accord avec cet argument, car je suis moi même un théologien.)

La théologie a sa place dans le monde universitaire car c’est avant tout une façon de comprendre l’histoire de l’Europe et du monde Chrétien de l’intérieur. Or les théologiens catholiques ont dû surmonter de nombreuses difficultés ces derniers temps : en plus d’apprendre à maîtriser cet art qui est le nôtre, ils ont du convaincre le monde universitaire qu’ils avaient une place dans l’université moderne.

Par certains côtés, je comprends l’opinion de ceux qui ont signé la lettre adressée au New York Times. Il est vrai que nous les théologiens, avons entre les mains plus d’éléments de contexte pour expliquer la compréhension du mariage par l’Église qu’un chroniqueur. Et je suis préoccupé par le fait qu’aujourd’hui les théologiens doivent sans cesse démontrer que oui, la théologie est une forme de savoir, face à tous ceux qui apprécient peu les matières ayant un lien avec Dieu. Mais cette lettre était aussi un peu exagérée. Je suis surpris par le fait que parmi toutes les choses ridicules que le New York Times aie publié sur l’Eglise Catholique, cette chronique est celle qui a eu le plus de retentissement.

Ce qui retient mon attention néanmoins , c’est ce que cette anecdote nous dit de la théologie sur la place publique. A mon sens, elle souligne le besoin de clarifier et de renforcer le rôle de la théologie dans les universités catholiques. Il y a toujours eu une relation étroite entre la théologie et l’apprentissage en général ; c’est d’ailleurs cette relation qui a donné naissance aux écoles et aux universités. Certes, dans les universités catholiques, notre théologie se veut catholique. Nous ne pouvons pas plaire à tout le monde. Nous sommes cependant toujours prêts à converser avec des théologiens juifs ou musulmans, de même que des bouddhistes, des hindous, des marxistes, des libertariens, des athéistes et bien d’autres.

En promouvant la théologie catholique, nous invitons à explorer l’heuristique d’une tradition intellectuelle à la fois ancienne et récente, qui considère que la “façon la moins erronée” de parler de Dieu est de parler de l’amour. Il s’agit de participer à une discussion vieille de mille ans, qui nécessite des participants une compréhension d’un vocabulaire difficile à maîtriser. Il s’agit d’entrer dans la culture de la théologie.

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