Lim Hyeon-soo a été condamné aux camps de travaux forcés à vie le 16 décembre pour “offense contre la dignité du leader suprême”.Le régime nord-coréen a diffusé une vidéo glaçante, dans laquelle le pasteur s’accuse : “J’ai commis un crime grave, celui d’avoir insulté et diffamé la dignité et les membres de la hiérarchie”. Il a aussi avoué avoir organisé, avec le soutien de la Corée du Sud et des Américains, une filière visant à “attirer et à kidnapper” des citoyens de la République démocratique populaire de Corée du Nord.
Pays-prison
En traduisant les accusations grotesques du régime Nord-coréen, on comprend que le pasteur organisait en fait l’exil de Coréen du Nord. Dans la logique de la propagande de Pyongyang, il faudrait être fou pour vouloir quitter le pays, et les évadés sont forcément “kidnappés”. Le pasteur n’en a pas moins conforté publiquement ce chef d’accusation absurde, et peut-être que ses “aveux” lui ont bénéficié puisqu’il échappe à la peine de mort, requise contre lui.
Un agent de l’Occident ?
Alors que le régime de la Corée du Nord montrait des signes d’ouverture, acceptant une délégation d’évêques sud-coréens (Aleteia), il rappelle avec cette affaire sa vraie nature : un pouvoir paranoïaque, qui soumet sa population par la force des armes. Les religions sont vues comme des menaces, susceptibles de remettre en cause un ordre établi totalitaire et athée. Lim Hyeon-soon cumulait contre lui le fait d’être un religieux et d’avoir une nationalité canadienne, doublement suspect… L’un des paradoxes de cette affaire, c’est que le pasteur s’évertuait justement à améliorer les pratiques agricoles des Nord-Coréens, pour qu’ils ne dépendent plus de l’aide extérieure. On est loin de l’idée d’un espion à la solde de l’étranger, comme le souligne Église d’Asie.
Les mystères de Pyongyang
L’agence ne s’explique pas la sévérité de la peine encourue par ce pasteur. En effet, d’autre missionnaires étrangers, arrêtés par le régime ont pu être libérés, grâce à l’intervention de la diplomatie. Église d’Asie s’interroge donc : “Est-ce que l’apparent échec des négociations entre Séoul et Pyongyang, le 11 décembre dernier, a joué un rôle dans la décision de la Cour suprême ? Est-ce le fait que le condamné soit d’origine sud-coréenne qui explique la sévérité de la peine dont il a écopé ?”.