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Régionales : le bal des perdants

French Socialist Party (PS) supporters react after the announcement of the first results of the second round of the French regional elections at the headquarters of the PS candidate for the Ile-de-France region in Paris on December 13, 2015. France's far-right National Front (FN) failed to win a single region in elections despite record results in the first round, early estimates showed, as voters flocked to traditional parties to keep it out of power. AFP PHOTO / LOIC VENANCE / AFP / LOIC VENANCE

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Philippe Oswald - publié le 14/12/15
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Le second tour des élections régionales ne permet à aucun parti de pavoiser : ni les Républicains, ni le PS, ni le FN ne peuvent légitimement se proclamer vainqueurs.

Le second tour des élections régionales ne permet à aucun parti de pavoiser : ni les Républicains, ni le PS, ni le FN ne peuvent légitimement se proclamer vainqueurs.

“Défaite pour tous” (La Croix), “Élection sans vainqueur véritable” (La Voix du Nord) : la presse est unanimement mi-figue, mi-raisin au lendemain du second tour des régionales qui a vu à la fois l’échec et un nouveau score record du Front national.

Le FN n’emporte aucune région, mais il bat son record de voix, constate Le Monde : “Le fait est que le FN a obtenu au moins 6,82 millions de voix, améliorant son score du premier tour (6,01 millions de suffrages) et battant son record du premier tour de la présidentielle 2012 (6,42 millions de voix). Il progresse de manière spectaculaire par rapport aux régionales, en 2010, et voit son nombre de conseillers régionaux tripler en l’espace de cinq ans : 118 hier, contre 358 aujourd’hui”.

“Si le parti de Marine Le Pen a échoué à remporter une région, il sort renforcé de ce scrutin”, estime également Le Figaro. “En “triplant” le nombre de ses conseillers régionaux, le Front national sera “la première force d’opposition dans la plupart des conseils régionaux de France”, a estimé Marine Le Pen (…) “Rien ne pourra nous arrêter”, a-t-elle conclu” (Nouvel Obs).

Les Républicains handicapés par le centre

La droite classique l’a emporté avec sept régions contre cinq à la gauche, résume L’Express :  “L’Île-de-France vire à droite après la victoire de Valérie Pécresse. Hervé Morin, après une longue période de doute, s’impose en Normandie. Les Républicains l’ont emporté dans sept régions au total, avec le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la région Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes. Après la vague rose de 2010, la gauche doit cette fois se contenter de cinq régions : la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val-de-Loire, la Bretagne, où le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a dépassé les 50% au premier tour, l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente et la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées”.

Mais le centre reste le maillon faible de l’opposition, constate par ailleurs Le Figaro : “Tandis que l’accord passé avec les Républicains avait permis à l’UDI de décrocher trois têtes de listes régionales, seul Hervé Morin l’a emporté d’une courte tête (36,4% contre 36,1%) en Normandie”.

Le poids des questions sociétales

Si Hervé Morin a ravi de justesse la région Normandie au Parti socialiste, ne serait pas parce qu’il a bénéficié d’un coup de pouce des défenseurs du mariage et de la famille? Il n’est pas le seul, constate La Manif pour tous : “Manifestement, il valait mieux être au clair sur ses convictions sociétales pour l’emporter (…). En effet, les meetings “Questions pour un président de région” organisés par La Manif pour tous dans les nouvelles capitales régionales ont visiblement beaucoup compté dans les résultats. Ainsi, dans les neuf régions concernées par cette opération, les candidats qui ont accepté de venir s’exprimer devant les sympathisants de La Manif pour tous ont rassemblé en moyenne 57% des voix. Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Valérie Pécresse, Hervé Morin : tous les candidats de droite élus sans soutien de gauche ont participé à ces meetings. Et ils ont pris des engagements en faveur de la famille et de l’enfant pendant cette campagne. La Manif pour tous sera très vigilante sur leur mise en œuvre, notamment en matière d’attribution de subventions”.

Le PS poursuit son déclin

“Le PS sauve les meubles, constate Domique Jamet dans Boulevard Voltaire, mais au prix de lourds sacrifices correspondant à un grave recul de son influence, de l’abandon de ces régions du Nord sur lesquelles il régnait sans partage depuis cent ans et du Sud où il dominait depuis des décennies et où il est désormais politiquement éliminé. S’il a limité les dégâts, c’est seulement dans la mesure où la gauche, divisée au premier tour, a serré les rangs. Mais, dès hier soir, alliés de circonstance en profond désaccord sur des questions essentielles, écologistes, communistes et mélenchonistes reprenaient leurs distances. Le parti qui monopolise le pouvoir, largement minoritaire, est toujours sur la pente savonneuse du déclin. (…)La droite a évité le pire et remet la main, la plupart du temps de justesse, sur des régions qui lui étaient traditionnellement acquises et qu’elle n’avait pas su garder. Mais on est loin de la vague bleue qu’espérait et qu’avait prédite Nicolas Sarkozy…”

De fait, “aucun triomphalisme” à droite comme à gauche, constate La Croix : ““Le danger de l’extrême droite n’est pas écarté”, a insisté le premier ministre Manuel Valls qui a souhaité que les responsables politiques « montrent que la politique ne reprenne pas comme avant”, notamment dans le Nord et en Paca où la droite l’a emporté grâce au retrait des listes socialistes. Ce résultat “ne doit pas nous faire oublier l’avertissement qui nous a été adressé au premier tour”, a expliqué de son côté Nicolas Sarkozy qui souhaite “répondre aux grandes questions que se posent les Français”.

“La gauche et la droite auraient tort (…) de plastronner et de revenir à leurs petites affaires comme si de rien n’était. Le FN n’a pas disparu, loin de là. La colère du peuple, non plus”, conclut Alexis Brézet, le directeur du Figaro.

Un sursaut de participation

Il y a tout de même une victoire : celle de la participation : “Droite et gauche se sont activées toute la semaine pour mobiliser les quelque 50% de Français qui avaient boudé les urnes au premier tour, rappelle Presse Océan. Appel visiblement entendu, puisque partout en France on a constaté une très forte hausse des demandes de procuration, en particulier chez les étudiants. Sur l’ensemble de la journée, la participation (58 à 59%) a connu un net rebond, d’environ 9 points au niveau national…”.

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