Il n’aura échappé à personne que le déclenchement des guerres contemporaines ne répond plus, depuis longtemps, à de quelconques considérations stratégiques.En un monde occidental marqué par une véritable éclipse de l’intelligence politique, l’action armée est devenue comme indépendante de la politique étrangère. La guerre n’est plus la prolongation de la politique étrangère par d’autres moyens. Elle débouche donc logiquement sur davantage de chaos à l’extérieur. Mais si la guerre n’est plus au service de la politique étrangère, à qui profite t-elle ?
En premier lieu, à l’industrie de l’armement qui a intérêt à écouler ses matériels avec une certaine régularité. De ce point de vue, les guerres les plus rentables sont celles qui se perpétuent de façon maîtrisée et limitée pendant des décennies : si les guerres de cent ans se multiplient c’est aussi parce qu’elles répondent à un besoin du marché.
En second lieu la guerre est devenue le moyen ultime pour des élites décrédibilisées à l’intérieur de leur propre pays pour reconquérir les masses. Trop faibles pour exercer la force à l’intérieur, le technicien suprême revêt soudainement l’armure du chef de guerre afin de gagner en popularité. Cette transformation en Prince des combats lui permet de renouer avec une forme de virilité et de frapper l’imagination populaire. De ce point de vue, plus les élites de gouvernance prônent la dévirilisation plus elles auront besoin de sursauts guerriers afin de continuer à exister.