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Régionales : le Front national ébranle le Parti socialiste et Les Républicains

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Philippe Oswald - publié le 07/12/15
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Un vent de panique et de divisions souffle à gauche et à droite après la victoire du Front National au premier tour des élections régionales. Revue de presse.

Un vent de panique et de divisions souffle à gauche et à droite après la victoire du Front National au premier tour des élections régionales. Revue de presse.

“Le choc” titraient en chœur Le Figaro et L’Humanité, pour une fois d’accord, sitôt connus les résultats du premier tour. Les listes du Front national arrivent en tête dans six des 13 nouvelles régions au premier tour des régionales. Avec près de 30% des suffrages au soir du dimanche 6 décembre, le FN a largement devancé ses deux principaux concurrents, Les Républicains (26,2% des voix avec ses alliés centristes) et le Parti socialiste et ses alliés (23.2%). Le FN a battu ses précédents records des européennes et départementales : son score a triplé d’une élection régionale à l’autre, performance sans précédent !

Percée historique du FN

Le parti de Marine Le Pen arrive en tête dans six régions, dont la Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Même “sur les terres habituellement modérées du Centre-Val de Loire, le Front national a créé la surprise dimanche en virant très nettement en tête au premier tour” (Les Échos).

Un électeur sur deux s’est abstenu (Le Point), mais cela aussi est révélateur du “vent de colère” qui souffle en France, estime le directeur des rédactions du Figaro : “Il s’agit bien d’un ‘soulèvement contre le pouvoir’, ou plutôt contre tous les pouvoirs – politiques, économiques, médiatiques – tous accusés pêle-mêle d’impuissance et, plus grave, d’indifférence aux malheurs des Français”. Les abstentionnistes iront-ils voter au second tour ? Et pour qui ?

“La victoire du Front national a été le centre des réactions des politiques de tout bord”, constate La Tribune. “Le FN n’en finit pas de poser un casse-tête à la droite et à la gauche, qui se retrouvent cette fois au pied du mur”, souligne La Croix.

Déception et divisions à droite

“Pour la droite, qui rêvait il y a quelques mois d’une France toute bleue, c’est la déception. Avec 26% des voix selon les estimations, elle fait quasiment le même score qu’aux régionales de 2010, qui était son plus mauvais sous la Ve République”, relève Le Parisien. Même en Île-de-France, où Valérie Pécresse est en tête avec plus de 30% des voix, le PS n’est pas décroché pour le second tour. Son candidat, Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, recueille 25,19% des voix et espère bénéficier dimanche prochain du report des voix EELV (8,03%) et du Front de gauche (6,63%)… ce qui reste à démontrer.

Mais chez Les Républicains, la consigne de Nicolas Sarkozy reste intangible : au second tour, ni fusion, ni retrait des listes LR-UDI-Modem en faveur d’un candidat de gauche pour contrer l’extrême droite. Seulement ce “ni, ni” fâche le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, qui a demandé “partout le retrait de listes arrivées en troisième position”, et ne fait pas l’unanimité au sein des Républicains : “Quand on est troisième, on se retire”, a lancé l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur France Inter, se démarquant de Nicolas Sarkozy. Il faisait notamment référence à Dominique Reynié, candidat des Républicains, arrivé en troisième position en Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon, qui a annoncé dès hier soir le maintien de sa liste. À droite sur l’échiquier des Républicains, Hervé Mariton, juge que les résultats de la droite et du centre ce dimanche sont “l’échec de Nicolas Sarkozy”. “Il n’est pas crédible comme représentant d’alternance après avoir lui-même, les Français le lui avaient signifié, échoué avant 2012” (Valeurs Actuelles).

Potion amère pour la gauche 

Pour la gauche, “la potion est amère. Hollande enregistre son cinquième camouflet électoral consécutif. ‘On va pleurer toute notre vie d’avoir été divisés… même si le PS résiste mieux que prévu’, se lamente un conseiller du pouvoir. De fait, cette majorité éclatée dans la plupart des régions entre PS, Verts et Front de gauche sauve les meubles. Et était déterminée, hier soir, à ‘sauver son âme’, c’est-à-dire à retirer ses listes là où le FN est en mesure de gagner” (Le Parisien). L’un des faits marquants de cette soirée électorale fut en effet l’annonce du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis du retrait des listes socialistes en PACA , dans le Nord, et en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, où ses candidats étaient en troisième position, et largement devancés.

Mais cette consigne de désistement en faveur du “front républicain” donnée par l’état-major socialiste suscite des révoltes inverses à celles qui secouent Les Républicains. Elle signifie en effet qu’aucun socialiste ne siégera dans ce prochain Conseil régional… La révolte gronde : “Le candidat du PS en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne Jean-Pierre Masseret a réaffirmé ce lundi matin qu’il ne comptait pas se retirer pour faire barrage au Front national, malgré la consigne de Jean-Christophe Cambadélis” (Libération).

“‘Quand on me demande de me retirer, on me manque de respect, on manque de respect au mouvement socialiste en disant ‘allez, retire-toi, tu gênes’, a réagi le candidat socialiste. La responsabilité, elle n’est pas sur ma pomme. Vous voudriez, comme ça, que l’on abandonne le terrain en rase campagne ? Ce n’est pas mon socialisme” (Europe 1).

“Un peuple qui ne se sent plus protégé”

Bref, à gauche comme à droite, “les tactiques les plus sophistiquées, les coups de billard à six bandes les plus élaborés, les laborieux arrangements entre prétendus amis volent en éclat, fracassés par une énorme colère, celle d’un peuple qui ne se sent plus protégé”, avait prédit Luc Rosenzweig sur Causeur avant l’annonce des résultats.

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