En réponse à la perte de son avion de chasse abattu par la Turquie, la Russie a promis de présenter les preuves d’un marché noir de pétrole entre les Turcs et les djihadistes de l’EI.La réplique russe ne s’est pas fait attendre après la perte d’un avion de chasse Sukhoï abattu en Syrie la semaine dernière par l’aviation turque (Aleteia). Après avoir mis en place une série de sanctions économiques contre la Turquie, la Russie est passée à l’offensive ce mercredi 3 décembre, en accusant le président Recep Erdogan d’être directement impliqué dans un gigantesque marché noir pétrolier avec l’organisation État islamique en Syrie.
“Le cynisme du gouvernement turc est sans limite”
Mercredi, lors d’une conférence de presse devant un parterre impressionnant de journalistes, le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov, a directement accusé la Turquie : “Le principal consommateur de ce pétrole volé à ses propriétaires légitimes, la Syrie et l’Irak, s’avère être la Turquie. (…) La classe dirigeante politique, dont le président Erdogan et sa famille, est impliquée dans ce commerce illégal”, a-t-il ajouté avant de s’emporter : “Le cynisme du gouvernement turc est sans limite !”. Le ministre a ensuite étayé ses déclarations en présentant des photos satellites montrant des files de camions citernes traversant la frontière turco-syrienne, ne prouvant toutefois en rien l’implication personnelle d’Erdogan.
“Il semble qu’Allah ait décidé de punir la clique au pouvoir en Turquie”
Lors de son intervention annuelle devant la Douma (le parlement russe), le gouvernement et les gouverneurs des régions fédérées de Russie, Vladimir Poutine a utilisé des formules très dures pour qualifier la politique turque : “Nous n’oublierons jamais cette complicité avec les terroristes. Nous considèrerons toujours la trahison comme l’un des pires et des plus vils actes. Que ceux en Turquie qui ont tiré dans le dos de nos pilotes le sachent”.
“Je ne comprends pas pourquoi ils ont fait ça, a-t-il ajouté. Seul Allah le sait. (…) Il semble qu’Allah ait décidé de punir la clique au pouvoir en Turquie en la privant de la raison et du bon sens”, a-t-il ironisé, provoquant un applaudissement général.
Le chef de l’État russe a par ailleurs prévenu la communauté internationale : “Ils vont regretter ce qu’ils ont fait”, a-t-il lancé lors de son discours. Pour Xavier Moreau, homme d’affaires et analyste politico-stratégique installé à Moscou depuis 15 ans, en réponse, “les Russes risquent notamment d’aider les Kurdes, en les armant et en les finançant, afin de bousculer les Turcs sur leur propre territoire”.
“C’est un secret de polichinelle que la Turquie profite du pétrole bon marché de l’EI”
Lors d’une rencontre avec son homologue serbe, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, a fait savoir qu’il irait présenter prochainement devant l’ONU des preuves de ce trafic de pétrole entre Daesh et la Turquie. Pour Xavier Moreau, si les Russes veulent porter l’affaire aux Nations unies, c’est qu’ils “disposent certainement de documents très sérieux”, estime-t-il.
Selon le spécialiste, “c’est un secret de polichinelle que la Turquie profite du pétrole bon marché de l’EI. Qu’il ait été consommé sur place ou réexporté, dans les deux cas cela laisse des traces, les services de renseignements russe ont pu facilement se procurer des documents tangibles”, affirme-t-il.