Neuvaine préparatoire à la fête de l’Immaculée Conception, pour la France, par le cardinal Philippe BarbarinDu 29 novembre au 7 décembre, La Neuvaine nous invite à prier pour la France avec de grands témoins de la foi chrétienne et nous prépare à la fête de l’Immaculée Conception.
8 décembre, une date choisie par l’Église pour tomber juste neuf mois avant la Nativité de Marie, célébrée depuis l’Antiquité le 8 septembre. Cette solennité de l’Immaculée Conception est une fête de lumière qui arrive, cette année, dans un paysage bien sombre ! Raison de plus pour intensifier notre prière et donner à cette Neuvaine préparatoire à la fête de l’Immaculée Conception, une ferveur exceptionnelle.
Mater misericordiae, c’est ainsi que nous saluons Marie dans le chant du Salve Regina. À la Mère de Miséricorde, nous voulons confier d’une manière toute particulière les victimes des attentats de Paris, le 13 novembre, et toutes les victimes des naufrages, des persécutions et exécutions, des catastrophes qui ont jalonné le parcours de l’année qui s’achève. Nous demandons aussi à la Vierge Marie d’apporter la consolation aux membres de leurs familles, à leurs amis, à la France entière effrayée par ce qui vient d’arriver, les responsables politiques qui ont à prendre leurs décisions et les forces de l’ordre qui redoublent de vigilance pour notre protection. Il est encore plus nécessaire – mais comme c’est difficile ! – de prier aussi pour les assassins et leurs complices. Qui pourra toucher et bouleverser le cœur de ceux qui ont été envahis par cette folie meurtrière chez nous, en Syrie, à Mossoul et dans bien d’autres lieux ? Cela semble au-delà de nos forces, mais comme dit l’Ange de l’Annonciation : “À Dieu, rien n’est impossible” (Lc 1, 38) [1].
C’est l’heure de la miséricorde. En ce 8 décembre 2015 où le Pape François nous fait entrer dans le grand jubilé de la Miséricorde, il est temps, il est grand temps ! Quand les hommes ne savent plus dans quelle direction aller, ni quelle décision prendre, quand ils ne voient pas comment prévenir ou arrêter ces violences, la Miséricorde de Dieu arrive sur le monde comme un fleuve de bonté régénératrice. La paix, tous l’espèrent ; nous sommes nombreux à vouloir en être les artisans, mais comment faire pour qu’elle soit accueillie ?
Depuis des siècles, le prophète avait lancé ces mots que nous chantons pendant l’Avent : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem…” (Is. 40, 1). Et le 8 décembre, nous fêtons le premier instant de vie de celle par qui le Messie consolateur est enfin arrivé dans le monde. Appeler Marie, Mater misericordiae, cela nous autorise à penser que “Miséricorde” est l’un des noms de Jésus. C’est lui l’Artisan de paix venu pour réconcilier le ciel et la terre, le Sauveur qui nous délivre de nos chaines et nous fait sortir de nos impasses, le frère et l’ami qui promet de ne jamais nous abandonner, même quand Il monte au Ciel nous préparer une place : “Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 20).
Le soir du Jeudi Saint, dans son testament spirituel, Jésus nous a laissé une consigne, répétée par le prêtre à chaque Messe avant la communion : “Je vous laisse la paix” à faire dans le monde, et pour que vous ne vous découragiez pas devant cette tâche immense (…) ou impossible : “Je vous donne ma paix” (Jn 14, 27). Sa paix, le cadeau précieux que nous accueillons chaque fois que nous recevons le sacrement du pardon, et plus encore quand nous mangeons le pain vivant descendu du Ciel.
Marie, aide-nous à revenir sous la Miséricorde de Dieu, pour qu’elle se déverse sur nous comme une cascade de fraîcheur, de lumière, de grâce. Tu sais et nous savons à quel point nous en avons besoin.
Le Concile Vatican II s’est terminé il y a exactement 50 ans, le 8 décembre 1965. Pour cet anniversaire, chacun peut s’interroger : Quel est son message central ? Certains disent que “la perle du Concile”, c’est la constitution Dei verbum, sur la Révélation divine. Et il est vrai que nous vivons un merveilleux renouveau dans l’amour, l’écoute et l’étude de la Parole de Dieu. Pour d’autres, l’œuvre majeure de Vatican II, c’est le renouveau de la liturgie, invitant à la participation de tous. Certains évoquent l’élan missionnaire vigoureusement relayé par le bienheureux pape Paul VI [2], d’autres l’engagement déterminé de l’Église pour l’unité des chrétiens et l’ouverture du dialogue interreligieux. D’autres encore voient le cœur du message conciliaire dans son enseignement sur l’Église qui est à la fois un mystère et (…) une servante dans le monde de ce temps.
En 2012, quand nous avons célébré le 50e anniversaire de l’ouverture du Concile, j’avais invité à Lyon le cardinal Robert Sarah, en lui posant cette question : “Et pour vous, quel est le cœur du message de Vatican II ?”. Sans hésiter, il avait répondu : l’appel universel à la sainteté ; c’est le titre du ch. 5 de la Constitution sur l’Église Lumen Gentium. Et il avait développé ce thème devant toute notre belle assemblée diocésaine en fête.
Que tout le “peuple saint” de l’Église, que tous les baptisés que saint Paul appelle “les saints” (cf. Eph 4, 12) entrent avec une pleine espérance dans cette année du grand jubilé de la Miséricorde ! Et toi, bienheureuse Vierge Marie, à qui nous devons l’inestimable cadeau du Sauveur, toi que nos frères chrétiens d’Orient appellent “la Toute Sainte”, marche au milieu de nous !
[1] Comme il est beau de voir que le texte de l’Évangile comporte ici un mot grec (rhèma) de confirmation que peu de traductions transmettent (…) “Rien n’est impossible à Dieu ; aucune parole (ou engagement ou action ou promesse (…) un mot bien difficile à rendre !).
[2] Que l’on pense à sa première et merveilleuse Exhortation apostolique post-synodale Evangelii nuntiandi, pour le 10e anniversaire (8 déc. 1975) qui n’est qu’un développement du grand cri de saint Paul : “Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile” (1 Cor 9, 16).