Assurer la sécurité des citoyens ou prouver au monde que la vie ne s’est pas arrêtée le 13 novembre 2015 ? Le maire de Lyon, Gérard Collomb, a tranché : “Ne pas faire courir de risques aux Lyonnais n’est pas donner raison aux terroristes”. La Fête des Lumières de Lyon est donc purement et simplement annulée.
Une première depuis 372 ans
À l’origine de cette Fête des Lumières, il y a la dévotion lyonnaise à la Vierge Marie. Elle date de 1643, lorsque les Lyonnais furent sauvés d’une épidémie de peste. La ville fut alors consacrée à la Sainte Vierge et les Lyonnais firent tous les ans une procession en son honneur. La fête s’institutionnalisa en 1852, et est devenue aujourd’hui – parfois au grand dam des Gones (“les petits lyonnais”) – un grand moment festif et commercial. C’est la première fois depuis son institution qu’elle est ainsi reportée, malgré les pétitions demandant son maintien.
“La Fête des Lumières fait partie de l’identité lyonnaise”
Gérard Colomb a donc fait le choix de la sécurité, à l’inverse de son homologue strasbourgeois qui a décidé de maintenir le marché de Noël. Chez les Lyonnais, les réactions sont mitigées, oscillant entre la déception et la résignation. Si certains approuvent l’annulation, d’autres regrettent un signe de faiblesse envoyé aux terroristes.
Pour Jean, par exemple, “il est dommage d’avoir annulé ce grand moment de rencontre et de partage humain, alors que l’on maintient des matchs de foot”. Il n’est pas particulièrement croyant, mais pour lui “la Fête des Lumières fait partie de l’identité lyonnaise. En la transformant en hommage aux morts des attentats, on mélange tout”. Hombeline est plus nuancée. Même si, pour elle, la fête est d’abord une dévotion à Marie, “ils ont bien fait de l’annuler. Tant de gens rassemblés au même endroit (la Fête des Lumières draine près de 3 millions de personnes, ndlr) étaient une bien trop belle cible”. Sur les réseaux sociaux, les réactions sont, elles aussi, partagées.
Un retour aux sources ?
Le report de la fête commerciale à décembre 2016 permet de dissocier l’événement touristique de la fête de la Vierge. Gérard Collomb appelle ses administrés à mettre des lumignons à leurs fenêtres, pour “transformer la Fête des Lumières en un hommage aux victimes des attentats”. Rien de révolutionnaire, en somme. C’est comme cela que les Lyonnais fêtent la Vierge depuis des lustres.
Si la Fête des Lumières semble marquer le pas, la fête de l’Immaculée Conception ne s’arrêtera pas pour autant. “Nous prierons la Vierge pour qu’elle nous épargne des lèpres modernes de l’idéologie, de la peur et de la guerre”, a ainsi déclaré le cardinal archevêque de Lyon, Philippe Barbarin. Il appelle donc les catholiques du diocèse à “célébrer la fête de l’Immaculée Conception avec une ferveur spéciale, en priant pour la paix et en invoquant la Miséricorde de Dieu sur notre pays et sur notre ville », invitant les chrétiens de la capitale des gaules à se mobiliser pour la diffusion des “milliers de lumignons” prévus par la municipalité. Les messes prévues le 8 décembre sont pour le moment maintenues.