Aleteia vous propose de participer à un quizz iconographique. Connaissez-vous la scène représentée ? Qui a peint le tableau ? À quelle époque ?Alors, facile ? Vous reconnaissez sûrement la main du maître français du XVIIe siècle auquel le musée du Louvre a consacré une exposition en début d’année : Nicolas Poussin. Ce tableau provient de la collection de Louis XIV qui l’a acquis en 1685. Il a été peint par l’artiste vers 1652 et il est aujourd’hui visible au Louvre. Quant au sujet, magnanime, je vous donne un premier indice : il est tiré du Nouveau Testament, et plus précisément du cinquième chapitre des Actes des Apôtres.
Le sujet : attention spoiler
Aux débuts de l’Église primitive, la communauté des croyants de Jérusalem vivait en harmonie et dans le partage des biens de tous. Or un jour, “un homme nommé Ananie, avec Saphire, sa femme” détournèrent une partie de la somme obtenue de la vente d’un de leurs biens pour leur profit personnel. Pourtant, ils s’étaient engagés à le mettre en vente au bénéfice de toute la communauté des chrétiens. Lorsque saint Pierre fit remarquer à Ananie son péché, ce dernier “tomba et expira”. Quelques heures, plus tard, saint Pierre interpella Saphire et l’interrogea sur la vente de ce bien. Confondue par son mensonge et son avarice, elle s’effondra à son tour, morte. C’est alors que “l’Église entière et tous ceux qui apprirent cela furent pris d’une grande crainte”.
Décryptage de l’œuvre
Dans le tableau de Poussin, Saphire vient d’expirer. Vêtue d’une tunique rouge, elle est étendue sur le sol au premier plan et affiche un teint – déjà – cadavérique. Une femme se précipite à ses côtés, en vain. Un homme essaye d’amortir sa chute et se tourne vers saint Pierre, entre effroi et accusation. Les autres figures autour expriment la crainte et l’épouvante. Une femme détourne son enfant de la scène, et invite une autre à partir à sa suite.
Saint Pierre, debout à droite de la composition, affiche au contraire un air sévère et pointe d’un doigt déterminé le corps de la femme inanimé afin qu’il soit emporté et enterré avec celui de son mari. À ses côtés figurent deux apôtres, Jean vêtu de rouge tourne le dos au spectateur tandis que Paul lève les bras au ciel, rappelant l’origine divine du châtiment. Figés en hauteur sur des marches, les trois apôtres dominent la scène, renforçant ainsi l’effet théâtral et dramatique souhaité par Poussin.
La composition est rythmée par les gestes, les jeux de lumière et de niveaux de sol. Au sein d’un arrière-plan composé de multiples architectures, un homme exerce l’aumône, symbole de charité et contrepied au comportement de Saphire. Par un jeu de perspective maîtrisé, le doigt de saint Pierre qui désigne la morte semble aussi s’arrêter sur cette scène de bienfaisance. Il montre ainsi le bon exemple à suivre, celui du don.
Le mensonge à Dieu, “œuvre de Satan” selon saint Pierre révèle l’absence d’un véritable choix moral chez le couple Ananie-Saphire, car la foi doit se vivre pleinement et non à moitié. L’abandon de l’intégrité et de la pleine confiance en Dieu pour la duplicité et la fausseté les ont conduit à la mort. À travers ce dur récit de la punition divine, Poussin met en avant la nature providentielle de l’Histoire Sainte.