Mgr Pascal N’Koué, archevêque de Parakou (Bénin), explique pourquoi les évêques africains se posent comme des défenseurs de la famille.En octobre 2015, les évêques d’Afrique ont fait fortement connaître leurs positions sur la famille, insistant sur l’importance de cette structure, cellule de base de la société. Or le clergé africain avait le sentiment d’être souvent peu entendu. Le père béninois Nathanaël Soédé, président de l’Association des théologiens africains (ATA), exprime ce sentiment : “Il faut non seulement que l’Occident admette que nous pouvons penser différemment de lui, mais qu’il apprenne aussi à écouter ce que nous avons à lui dire, sans balayer nos propositions d’un revers de main”.
Une “Intifada de la famille”
Dans une interview accordée à la Nef, Mgr Pascal N’Koué pose l’Afrique comme le lieu privilégié de la défense de la famille : “Notre intifada est un non à la culture de la mort et un oui à la culture de la vie. On dit non à tout ce qui défigure, avilit, et détruit la famille”. Or il décrit la famille comme un lieu privilégié, qui enseigne la vie en société, mais aussi la foi, l’amour et l’attention réciproque.
L’Afrique, bastion de la famille
Mgr N’Koué a le sentiment que la famille est violemment attaquée en Occident, par des idéologies “suicidaires et contre nature”. Il y a un acharnement à “déconstruire ce que Dieu a fait”, dans une volonté de plus en plus manifeste de bâtir un homme sans Dieu. L’Occident chrétien est attaqué, et l’archevêque, reprenant les mots du bienheureux Paul VI, selon lequel l’Afrique serait “la nouvelle Patrie du Christ”, se réjouit de voir que malgré l’influence de la pensée “moderne” occidentale sur son continent, ses compatriotes continuent à craindre Dieu.
Paternalisme occidental
Comme la majorité du clergé africain, il s’inquiète des législations libertaires qui tentent de s’immiscer en Afrique : droit à l’avortement, au mariage pour tous etc. Il les qualifie de “poisons”. Des poisons imposés, de l’extérieur, aux gouvernements africains. Ceux-ci manquent souvent de courage pour s’y opposer : ils craignent des représailles économiques et peuvent être soumis au chantage aux aides internationales. Mgr N’Koué y voit un mépris souverain de l’Afrique, continent considéré comme archaïque qu’il faudrait convertir de force à la modernité …
L’Afrique, cœur du monde
À cette vision héritée de la faiblesse économique et militaire de l’Afrique, l’évêque oppose la vitalité de son continent : “Quand l’Afrique décollera, tout le monde accourra vers elle. Tous les peuples l’appelleront ‘Afrique ma mère’, car effectivement en elle tout homme est né. N’est-ce pas le berceau de l’humanité ?”.