Nous ne les comprenons pas, mettant nos vies en péril.Dans son article “Ce que l’EI veut vraiment” publié en mars par le magazine The Atlantic, Graeme Wood perce à jour le mythe selon lequel l’État islamique est composé de mécontents psychopathes ou selon l’avis du président Obama, est “une équipe de seconde catégorie”.
Au contraire, comme il l’a découvert, il s’agit d’une force redoutable, cimentée par une foi et une idéologie qui forment un tout. Résumé.
1. L’EI et Al-Qaïda ne sont pas une et même organisation. L’EI a éclipsé Al-Qaïda et considère les dirigeants de cette organisation comme des apostats. Nous avons fait l’erreur de ne pas comprendre ce qui les différencie, en particulier dans leur interprétation du Coran.
2. L’EI préconise le strict respect du Coran et se considère comme responsable de la mise en oeuvre des prophéties apocalyptiques. Ses fidèles connaissent leur foi et l’appliquent à la lettre, telle l’obligation de procéder à des crucifixions et des amputations ou de pratiquer l’esclavage.
3. L’EI estime avoir créé un Califat. Ayant comblé le besoin essentiel d’établir un territoire (après avoir saisi la région de Mossoul en Irak), l’EI possède l’équivalent en superficie du Royaume Uni. Les croyants sont désormais dans l’obligation d’observer toutes les lois de la Charia dont – en théorie – le devoir d’immigrer au califat.
4. Les membres de l’EI croient qu’ils ont un rôle à jouer dans l’Apocalypse, qui se déroulera près de chez eux. Ils croient qu’il y aura une grande bataille contre « Rome » à Dabiq en Syrie et qu’ils mettront Istanbul à sac et que la confrontation décisive avec un Antechrist aura lieu avant le retour de Jesus sur terre.
5. L’EI est en “phase offensive du djihad”. Maintenant qu’il a créé un califat, il a le devoir de l’étendre à des territoires non musulmans une fois par an. Ses méthodes – décapitations, crucifixions, mise en esclavage des femmes et des enfants – visent à terroriser ses ennemis et à accélérer la fin du conflit.
6. Les États-Unis n’ont pas reconnu le degré de gravité des dissensions existantes entre l’EI et Al-Qaïda. Ils ont tenté une démarche bizarre et mal ficelée pour obtenir la libération de l’otage Peter Kassig : recruter un membre haut placé d’Al-Qaïda pour qu’il intercède auprès de l’EI, ce qui se solda par la décapitation de Kassig.
7. Le territoire est essentiel à l’existence de l’EI. Sans territoire, il n’y plus de califat, un argument qui prône une intervention étrangère.
8. L’EI veut être envahi car cela stimulerait le recrutement et la radicalisation des musulmans dans le monde, ce qui est un argument de poids contre toute intervention étrangère.
9. L’EI risque de devenir la victime de son propre succès. Il ne faudra pas longtemps pour que cette masse de défavorisés, aux attentes immenses, soient confrontés aux difficultés économiques et au mécontentement, entraînant un ralentissement du flux d’immigrés vers le califat. Ceci, néanmoins, n’est pas pour demain.
10. Si Al-Qaïda prêtait allégeance à l’EI, ce serait catastrophique. C’est bien pour cela que Wood pense que le gouvernement Obama a agit avec témérité lorsqu’il a cherché à mettre Al-Qaïda en contact avec l’EI.
11. La majorité des musulmans ne soutiennent pas l’EI. Certains sont “modérés”, se méfient de toute croyance extrême et sont considérés par l’EI comme des apostats. D’autres, comme certains tenants du salafisme, sont contre l’EI car, suivant les Écritures, ils se refusent à être en conflit avec d’autres musulmans et s’efforcent plutôt de parfaire leur vie personnelle.
12. La foi et la confiance des membres de l’EI dans leur mission divine en font des adversaires redoutables. Ils se dirigent vers l’Armadeggon, précédé d’une longue guerre et tout ce qui n’est pas religieux a peu de chance de les intéresser.