À l’occasion de la COP21, le premier magasin de vrac éphémère a ouvert à Paris dans le 10e arrondissement. Des fruits et légumes aux céréales en passant par les yaourts, 250 produits biologiques sont vendus, depuis le 4 novembre, sans emballage en plein cœur de la capitale. Le but est triple : proposer des produits issus d’une agriculture responsable à prix attractifs, promouvoir un monde sans déchets et éviter le gaspillage des ménages. “Avec le vrac, on n’achète que ce dont on a besoin, cela limite donc la surconsommation”, souligne Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop. Un message, pour le moment, loin des slogans de la grande distribution.
Dans son encyclique parue en avril, Laudate si’, le pape François fustigeait cette culture occidentale de la consommation à outrance : “Une minorité se croit en droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait même pas contenir les déchets d’une telle consommation. En outre, nous savons qu’on gaspille approximativement un tiers des aliments qui sont produits”, et “que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à la table du pauvre”. Le vrac pourrait, par son objectif multiples, amorcer un tournant dans la culture de la consommation occidentale.
Le vrac ou l’épicerie moderne revisitée
Acheter les produits en vrac était déjà monnaie courante avant l’avènement de la grande distribution. Aujourd’hui, après 50 ans de grandes surfaces, les épiceries du vrac sont bien parties pour se multiplier en France. Biocoop recence aujourd’hui 350 magasins en France, quant à Day by Day, la chaîne d’épicerie ne cesse d’ouvrir de nouveaux magasins depuis le mois de septembre (Rennes, Limoges, Bordeaux, etc.).
Ce mouvement va-t-il influencer certains distributeurs ? C’est déjà le cas avec l’offre des rayons vrac d’Auchan, déployée pour le moment à faible échelle, dans 20 magasins. Vous avez besoin de 70 g de copeaux de chocolat pour une recette ? Vous voulez parsemer un gâteau d’amandes effilées sans en acheter une grande quantité ? Cette offre répond à la demande d’un public soucieux d’éviter le gaspillage et les dépenses inutiles.
Quant vrac et écologie vont de pair
Cinq millions de tonnes : c’est le nombre de déchets d’emballages ménagers déversés par la France chaque année. Afin de les recycler ou de les incinérer, la France dépense 15 milliards d’euros par an. Un chiffre énorme. Favoriser le vrac permettrait-il à l’État de faire quelques petites économies ? Possible si ce système devenait majoritaire mais pour l’instant, on en est loin.
Moins de déchets, cela veut dire moins de déchets incinérés. Or, l’incinération des déchets est un gros poste dans le taux d’émission de gaz à effet de serre avec, chaque année, l’équivalent des émissions de CO2 de 2,3 millions de voitures. Ce qui est certain, c’est l’intérêt de la vente en vrac pour la préservation de l’environnement.