Prochain, e (n.) Quelqu’un qu’il faut aimer comme soi-même (ce qui implique parfois d’être indulgent avec son livre…).Aleteia : Ce jargonnier est-il seulement un dictionnaire humoristique ?
Edmond Prochain : L’ambition de départ était de faire un lexique décalé et drôle si possible. Mot après mot, j’ai fait en sorte que ces définitions puissent aussi faire réfléchir en effet : pour en premier lieu interpeller les croyants sur les habitudes qu’ils prennent, sur la manière dont ils se comportent dans leur paroisse ou entre fidèles mais surtout sur la manière dont ils utilisent parfois des mots sans réfléchir sur leur sens initial. C’est que l’on appelle en quelque sorte le “jargon” : une façon de s’exprimer avec un vocabulaire qui peut exclure ceux qui ne le possèdent pas. Le but de cet ouvrage n’est jamais de provoquer mais de piquer légèrement, pour son bien, comme un désinfectant en quelque sorte.
Quelle est votre définition favorite ?
J’ai un faible pour celle donnée au mot calvaire : “Calvaire (n. m.) 1. Au sens propre, croix des chemins ; 2. Au sens figuré, chemin de croix”. Ce n’est pas du tout une définition que j’ai travaillée en terme d’humour, je suis juste revenu à l’essentiel. Elle pourrait presque figurer dans un dictionnaire ordinaire !
Dans un autre genre, j’aime aussi la définition de laïc : “Laïc, que (n. et adj.) On appelle ainsi tout fidèle envoyé au milieu des clercs pour qu’ils aient quelqu’un à qui témoigner de la présence du Christ et conférer les sacrements. La mission des laïcs consiste ainsi à mener les ministres ordonnés vers la sainteté”.
C’est en fait une pure réécriture de ce que dit le catéchisme de l’Église sur les clercs mais inversée, à savoir que les clercs ont été envoyé parmi les laïcs pour les guider vers la sainteté et leur donner les sacrements. Ma définition du laïc tend à souligner que chacun est indispensable à l’autre.
Il n’y a pas de définition pour “Edmond Prochain” ou “blogueur”, comment cela se fait-il ?
Non mais si vous cherchez bien, je me suis fait certains clins d’œil, comme à la définition du mot “Prochain” : “Prochain, e (n.) Quelqu’un qu’il faut aimer comme soi-même. (Ce qui implique parfois d’être indulgent avec son livre…)”.
Auriez-vous une définition à donner pour “Aleteia”?
Que pensez-vous de celle-ci : “Aleteia (n.pr.) Translittération approximative d’un mot grec signifiant littéralement “Pravda” en russe ; ce nom a été choisi par un média catholique d’évangélisation, disponible en plusieurs langues (mais curieusement ni en grec ni en russe)”.
Propos recueillis par Arthur Herlin
Jargonnier catholique de poche d’Edmond Prochain. Éditions Emmanuel, 2015, 14 euros.