Le directeur du Congrès juif latino-américain Claudio Epelman, ami de l’ancien archevêque Bergoglio, raconte à Aleteia une anecdote amusante.Le 28 octobre 2015, le pape François a reçu six des plus hauts responsables juifs avant l’audience générale interreligieuse organisée pour le 50e anniversaire de la Déclaration du Concile Vatican II Nostra Aetate.
Selon l’Argentin Claudio Epelman, pendant l’audience privée, le Pape a raconté à sa manière directe une histoire drôle illustrant le lien historique qui unit catholiques et juifs.
Le Pape a fait allusion à la narration “comme les rabbins”, pour transmettre un enseignement.
“C’est l’histoire d’un prêtre profondément antisémite. À la messe dominicale, il entame son homélie en attaquant violemment les juifs.
Soudain, l’église tremble, le prêche s’interrompt… Jésus descend de la croix. Se tournant vers Marie, il dit : “Viens, maman. On ne veut pas de nous ici”.
Le Pape avait déjà raconté cette histoire en septembre 2013 face aux responsables du Congrès juif mondial (WJC) au Vatican.
“Je crois que cette histoire simple, racontée par le Pape, confère une profonde dimension à l’origine commune des deux communautés”, explique Epelman, également présent à cette rencontre. En effet, Jésus, Marie et Joseph étaient juifs.
“Maintenant, les Brésiliens aiment un Argentin. C’est un miracle !”
Quelques heures après la réunion avec le Pape, le président du WJC Ronald Lauder a confié à la presse que les rapports entre catholiques et juifs n’avaient jamais été aussi bons depuis 2 000 ans.
Ils sont notamment empreints de bonne humeur. En 2013, les “grands frères du christianisme”, comme les appelait Jean Paul II, avaient dit au Pape, de retour des JMJ de Rio au Brésil, qu’il avait accompli un prodige : “Maintenant, les Brésiliens aiment un Argentin. C’est un miracle !”.
L’enseignement de cette audience inédite
Claude Epelman a relaté d’autres détails illustrant la signification de la commémoration au Vatican de l’adoption par Paul VI du document qui a modifié les rapports entre le catholicisme et les religions non chrétiennes.
“Le pape François a accompli un acte extraordinaire dans l’histoire des relations entre juifs et catholiques. La présence d’une délégation de 150 responsables juifs provenant d’une soixantaine de pays est importante.”
“Nous l’avons accompagné quand, s’adressant au peuple catholique, il évoquait les relations que les hommes de foi doivent entretenir avec les juifs et les personnes d’autres religions. C’est un point très fort dans nos relations.”
“C’est l’un des moments les plus extraordinaires auxquels j’aie pris part durant les nombreuses années de travail accomplies par les deux communautés”, ajoute Epelman.
Comment la Déclaration du Concile Vatican II a-t-elle changé les rapports entre l’église catholique et la communauté juive ?
“Pendant près de 2 000 ans, les rapports entre catholiques et juifs ont été stigmatisés, ces derniers subissant persécutions, discriminations, l’Inquisition… Puis, l’histoire s’est soudainement arrêtée, et l’on a remis les compteurs à zéro. Une possibilité de dialogue positif, de réconciliation, de fraternité s’est ouverte, et l’on a découvert une chose extraordinaire : les relations entre juifs et catholiques, unis par la même racine. Voilà ce qu’affirme le Pape quand il dit qu’un catholique ne peut être antisémite, car tous les chrétiens ont des racines hébraïques.”
Évoquant l’ancienne amitié unissant à Buenos Aires l’archevêque Bergoglio aux communautés juives, Epelman souligne : “Je le connais depuis très longtemps. J’ai immédiatement compris que le moment le plus sensible de sa vie personnelle était Noël. J’ai donc commencé à l’accompagner à la Messe de minuit. Il nous conviait dans un lieu très simple, humblement, comme saint François. Nous partagions la veillée de Noël. C’est au fil de ces nombreuses années que s’est construit un lien personnel”.