Interlocutrice privilégiée des démocraties occidentales, la pétromonarchie de Riyad multiplie les efforts pour afficher une belle entente et une vitrine attractive. Mais, secouée par les affaires, le régime wahhabite se révèle au grand jour.L’indignation internationale qui avait été suscitée en janvier dernier par la condamnation du bloggeur et opposant politique Raif Badawi à dix ans de prisons et 1 000 coups de fouet a été relancée hier en apprenant qu’un jeune chiite de 21 ans a été condamné à être pendu puis crucifié pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales en 2012. Il avait, à l’époque des faits, 17 ans.
Aujourd’hui, un mouvement de foule près de la Mecque a provoqué la mort de plus de 750 pèlerins. Si un tel massacre n’est pas rare dans l’histoire des hadjis, elle a néanmoins provoqué l’ire de tous les pays musulmans qui pointent du doigt les défaillances de l’organisation, à commencer par l’Iran, ruinant ainsi les grands efforts de réconciliation entre la monarchie sunnite et la république chiite.
Ces faits terribles interviennent alors que l’ONU affronte un ouragan de protestations pour avoir nommé le 22 septembre dernier, la monarchie saoudienne à la tête du groupe consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (Aleteia).
Une indignation compréhensible…
… quand tout le monde sait que l’Arabie saoudite est une monarchie islamiste gouvernée par la charia et dont la Constitution est le Coran. Une monarchie absolue où les partis politiques et les religions différentes du sunnisme sont interdites. Un pays où la mutawa (police religieuse) traque toutes les religions non musulmanes (le chiisme est toléré dans une seule province).
Une alliance forcée
La monarchie saoudienne sait toutefois que jamais l’Occident ne prendra le risque de rompre ses relations avec elle. En cause, le pétrole évidemment mais aussi la certitude de posséder un pied dans le Golfe pour les américains et leurs alliés. Ainsi deux anciens ministres français (Chevènement et Lang) ont appelé aujourd’hui à ne pas rompre le dialogue avec Riyad. Toutefois le revirement européen sur certains dossiers, notamment celui de la Syrie risquera de jeter un froid nouveau sur les relations diplomatiques saoudiennes.
Un vernis grossier
Certes l’Arabie saoudite a envoyé son numéro deux de la diplomatie (Nizar Al-Madani) marcher le 11 janvier dernier, certes l’Arabie Saoudite s’est manifestement prise d’un amour inconditionné pour les droits de l’Homme (et de la femme ?) mais les récentes affaires ont mises au grand jour la tartufferie d’une monarchie qui utilise l’islam le plus rigoriste pour tenir sa population, qui martyrise les chrétiens, enferme et assassine ses opposants puis expose leurs cadavres. Aucun doute possible, le roi Salmane n’est pas Charlie.