Ali Mohammed al-Nimr a participé en 2012 à une manifestation contre la monarchie islamique absolue dans une région majoritairement chiite du royaume. Il avait alors 17 ans. Mise à jour
Au terme de huit mois de procès, Ali Mohammed al-Nimr a été condamné à mort en mai 2014 pour “sédition”, “désobéissance au souverain” et “port d’armes”. La justice saoudienne vient de rejeter son appel, examiné dans le plus grand secret. Son exécution est désormais une affaire de jours. Une fois décapité, son corps, monté sur une croix, sera exposé publiquement jusqu’au pourrissement de ses chairs.
Le gouvernement semble avoir pesé de tout son poids pour que l’affaire connaisse cette issue effrayante. Notamment pour faire payer sa rébellion à l’oncle du jeune homme, le cheikh Nimr al-Nimr, un haut dignitaire chiite et l’un des plus virulents opposants de la monarchie.
La condamnation barbare intervient au moment même où l’on apprend la nomination de l’ambassadeur saoudien auprès des Nations Unies à Genève, à la tête du Groupe consultatif du Conseil des droits de l’homme* de l’institution internationale.
Le pays bafoue pourtant ostensiblement les droits de l’homme, ignore totalement le respect de la liberté religieuse, nie aux femmes leurs droits les plus élémentaires et multiplie les décapitations publiques devenues si nombreuses qu’il lui a fallu recruter huit bourreaux au mois de mai dernier. Selon le décompte de Human Rights Watch, plus de 134 personnes ont déjà été exécutées en Arabie saoudite depuis le début de l’année. Les rares opposants ou intellectuels que compte encore le royaume y subissent des outrages continuels comme ce blogueur condamné à 1 000 coups de fouet pour “insulte à l’islam”.
Quand “les pétrodollars et la politique l’emportent sur les droits de l’homme”
Depuis, un mouvement de protestation enfle dans toute la communauté internationale. L’ONU a rappelé que “toute sentence infligeant la peine de mort à des personnes mineures à l’époque du délit ainsi que son exécution sont incompatibles avec les obligations internationales de l’Arabie saoudite”.
François Hollande, pour sa part, a demandé à l’Arabie saoudite de “renoncer à cette exécution au nom de ce principe essentiel que la peine de mort doit être abolie et les exécutions empêchées”. Une posture difficile à tenir pour le président français quand “les pétrodollars et la politique l’emportent sur les droits de l’homme”, aux dires de Hillel Neuer, directeur exécutif de l’ONG UN Watch.
En quelques mois, le royaume saoudien s’est en effet porté directement acquéreur d’une escadrille de Rafale et aurait contribué indirectement au financement de la livraison de près de 8 milliards d’euros d’armes françaises au Liban et du rachat des navires Mistral par son fidèle allié égyptien.
* Organe intergouvernemental, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a pour mission de renforcer et de promouvoir les droits de l’homme dans le monde. Faisal bin Hassan Trad préside le groupe d’experts du Conseil, chargé de désigner les fonctionnaires qui vont édicter les standards internationaux en matière de droits de l’homme et rendre compte de leurs violations dans le monde entier.