“Ils sont l’avant-garde du tiers-monde qui se réfugie en Occident pour y trouver l’espérance”, Jean Raspail, “Le camp de saints”, 1973. Des images insoutenables inondent nos écrans depuis plusieurs semaines. Des vagues de réfugiés assiègent la vieille Europe. Une question est sur toutes les lèvres, occupe toutes les conversations : devons-nous accueillir les migrants ou pas ?
L’actualité excite les vieux clivages droite-gauche. Dans ce brouhaha où se mêlent l’inquiétude, la mauvaise foi et les bons sentiments, tous les avis sont permis. Le petit patron libéral peut se féliciter de voir s’échouer sur nos rives une main-d’œuvre docile et peu coûteuse : “Ces migrants sont une opportunité économique pour la France”. Le libertaire ouvre grand les bras, comptant bien sur l’État providence pour assurer des lendemains qui chantent aux damnés de la terre.
Il n’y a plus une soirées entre amis, ni un déjeuner familial en France où le ton ne monte entre les convives quand chacun se cramponnes à son argument. “La France doit fermer ses frontières. Nous n’avons déjà plus assez de travail pour les Français !”, s’énerve l’un. “Ces flux de migrants musulmans signent l’arrêt de mort du christianisme en Europe”, s’inquiète l’autre. “Et nos SDF alors ? On les laisse dans la rue et tout le monde s’en fiche ?”, accuse le troisième.
Au milieu de tant de confusion, la voix du pape François s’élève : “Que chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque monastère, chaque sanctuaire d’Europe accueille une famille”. “Gauchiste !”, répliquent les uns, “Non, progressiste !”, corrigent les autres… À un problème que nous abordons sous l’angle politique, le Pape donne une réponse chrétienne. Le Christ appelle chacun à ne pas ignorer la souffrance de celui qui est sur son chemin. Le prêtre, le lévite et le Bon Samaritain avaient tous trois de très bonnes raisons pour ne pas aider le blessé sur le bord de leur route. Un seul a su faire la volonté de Dieu. Il a aidé le malheureux dans la limite de ses moyens, en s’appuyant sur l’hôtelier.
Jamais le Saint-Père n’a prétendu apporter une réponse au débat politique qui agite nos pays et l’Europe. Il ne s’est pas adressé aux États. Il a exhorté les chrétiens à s’organiser pour rendre possible la charité, chacun à sa mesure. Une mesure à la portée de tous : une famille par paroisse. N’ayons plus peur de perdre nos racines en accueillant les familles déracinées.