Environ 5 000 chrétiens ont manifesté mardi pour réclamer que les coupables des pogroms de 2008 soient enfin jugés et condamnés.Il y a sept ans, des extrémistes hindous ravageaient les villages chrétiens de l’État de l’Orissa. Le 25 août 2008, 400 villages avaient été vidés de leurs habitants chrétiens, 5 600 maisons et 296 églises incendiées. Une centaine de personnes avaient alors été tuées selon l’agence Fides, et environ 56 000 personnes déplacées pendant ces évènements dramatiques. En 2015, les responsables n’ont toujours pas été jugés.
Des politiques dans le cortège
Plusieurs personnalités politiques ont défilé avec les chrétiens, mardi 1er septembre, dont un ancien ministre du Parti du Congrès, Mani Shankar Aiyar, et des membres du Parti communiste indien. Ils ont dénoncé la sympathie pour les extrémistes hindous du gouvernement de Narendra Modi et de son parti, le BJP.
Un mépris constant
Dès 2007, le père Dibakar Parichha, porte-parole de l’archidiocèse catholique de Cuttack-Bubhaneswar constatait “des exactions de plus en plus violentes, des morts, des églises détruites : les chrétiens ont demandé protection au gouvernement, lequel n’a rien fait”. Lors de la messe de minuit de Noël 2007, dans le village de Barkhama, une centaine d’extrémistes hindous avaient brûlé l’église et plusieurs maisons. La police, arrivée sur les lieux, n’était pas intervenue.
Cet épisode inaugurait les pogroms qui suivirent en août 2008, confirmant la haine que les extrémistes hindous vouent aux chrétiens de la région. Les chrétiens sont régulièrement accusés de “forcer la conversion” des hindous et devraient, aux yeux de certains radicaux, conserver le statut qui est le leur, selon l’ancienne classification par castes.
Intouchables et aborigènes
La majorité des populations chrétiennes de l’État de l’Orissa appartenaient de fait à l’ancienne caste des intouchables ou étaient des “tribals”, des aborigènes animistes. Ils étaient par conséquent au plus bas dans la classification raciale hindoue et les extrémistes de cette religion souhaitent les “remettre à leur place”.
Cette mentalité ne se traduit pas toujours sous la forme spectaculaire des pogroms de 2008, mais le plus souvent par des vexations, des injustices couvertes par les autorités. Église d’Asie, rapporte par exemple qu’en 2012, une douzaine de maisons appartenant à des chrétiens aborigènes de la ville de Raikia, dans le district du Kandhamal, ont été entièrement rasées sur ordre des autorités locales.
Les vols de terres, les agressions sur des religieuses (Aleteia), sont les symptômes du mépris qu’éprouvent les tenants de l’hindouisme radical à l’égard des chrétiens. Le plus inquiétant pour les chrétiens, c’est que le nouveau gouvernement en place est composé d’hindouistes radicaux. Narendra Modi lui-même, élu Premier ministre le 26 mai 2014, ne peut pas, malgré toute son habileté, cacher son passé au sein de la Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), une formation paramilitaire nationaliste hindoue.