Les plus belles convictions ont besoin du terreau d’une vie chrétienne fervente et cohérente pour porter du fruit.Pour leur 5e édition, les Universités d’été de la Sainte Baume, organisées conjointement par l’OSP (Observatoire Sociopolitique) du diocèse de Fréjus-Toulon et les Dominicains du couvent de la Sainte Baume, abordent la question de la formation des chrétiens qui désirent s’engager ou qui sont engagés dans la vie et l’action politique. Par "politique", nous ne considérons pas uniquement l’appartenance à un parti et les mandats éventuellement exercés, mais cette vocation plus large à la recherche du bien commun, ce service précieux qui l’apparente à la charité. C’est ainsi du moins qu’elle est saluée, jusqu’au pape François, encore tout récemment.
Ainsi, chaque année, en ce haut-lieu de la Provence, nous proposons ce temps de rencontres et d’échanges, nous mettant à l’écoute de témoins plus que de "maîtres", accueillis par une communauté de frères, qui nous rappellent que notre action doit toujours être le débordement de notre prière. Les plus belles convictions ont besoin du terreau d’une vie chrétienne fervente et cohérente pour porter du fruit.
Le thème choisi pour chaque session illustre et décline cette formation à l’engagement dans la cité : la version 2015 de nos universités aborde cette question délicate toujours d’actualité de la relation entre les médias et la vérité. Nous le ferons à la lumière de la parole du Christ : "La Vérité vous rendra libres".
Réunir des chrétiens ayant des options politiques différentes
Certains rendez-vous sont devenus incontournables dans notre rendez-vous annuel. Ainsi, le concert d’ouverture, qui donne le ton du séjour, ou la veillée miséricorde à la lumière des bougies dans la grotte de sainte Marie-Madeleine. Le samedi matin, nous achevons notre parcours par une table-ronde qui réunit des chrétiens engagés dans différents partis politiques. Ce sont d’abord les personnes et leurs convictions plus que les programmes qui sont alors en question. En réunissant des chrétiens ayant choisi des options politiques différentes et parfois divergentes, nous essayons d’entrer dans cet authentique dialogue, dont le Saint-Père parle comme d’une "contribution à la paix".
Nous pensons que ces lieux manquent aujourd’hui, où les chrétiens peuvent se retrouver au-delà des choix partisans. Ce qui les unit devrait être plus important que ce qui provoque leurs divisions. Rechercher le "lieu idéal d’engagement" ce serait prendre la politique pour un absolu et risquerait d’en faire une idole. Le pape François rappelle aussi que "la réalité prime sur les idées". L’Église, quant à elle, essaye de "proposer avec clarté les valeurs fondamentales de l’existence humaine, pour transmettre les convictions qui ensuite peuvent se traduire en actions politiques" (Evangelii Gaudium, 241). Aussi, à sa mesure, cette table-ronde se veut un espace de dialogue, où chacun est appelé à échanger sur les liens entre sa foi, ses convictions et son engagement politique.
Aussi, nous ne cherchons pas d’abord dans cet exercice l’affrontement qui fera le buzz. Nous ne craignons pas en revanche de renouer avec cette tradition bien enracinée dans l’Église de la dispute, où, dans un grand respect mutuel, on ne cherche pas tant, comme dit le philosophe, à "convaincre son adversaire d’erreur, mais à s’unir à lui dans une vérité plus haute".