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L’appel de Mgr Sako, un an après la tragédie de Mossoul et de la plaine de Ninive

Mgr Sako in Erbil with nun light

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Oeuvre d'Orient - publié le 11/08/15
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L’Oeuvre d’Orient partage le vibrant appel à la réconciliation nationale du le Patriarche Louis Raphael Sako aux membres du gouvernement irakien et au parlement. Une réconciliation sur des bases de loyauté envers l’Irak : une terre unie pour tout le peu
Un an après leur exode, les Chrétiens et les Yézidis vivent toujours dans des conditions physiques, psychologiques et sociales difficiles dans les camps, étant donné que leur terre est occupée et que leur culture est menacée d’extinction, avec la réalité de milliers de Musulmans irakiens morts et plus de trois millions de réfugiés, ainsi que des infrastructures quasiment détruites.

Les groupes extrémistes qui portent des habits religieux et font usage de la violence pour étendre leur pouvoir et leur idéologie sont un danger pour tous. Aussi, tous les politiciens et les membres du gouvernement devraient s’engager à entamer un dialogue approfondi et à développer des initiatives pour la réconciliation, le rétablissement de la confiance, ainsi que les relations de coopération pour la paix, car les opérations militaires seules ne sont pas suffisantes.
Cette réconciliation nationale devrait prendre racine sur certains principes fondamentaux très humains et structurels, car aucun projet sérieux, particulièrement un projet moral de réconciliation nationale ne peut aboutir, si nous n’avons pas une idée claire pour notre pays, un modèle pour l’État que nous prévoyons de construire, et un mécanisme efficace pour exécuter ce modèle.

Nos situations sont tragiques et les conflits font rage. Ce n’est un secret pour personne qu’il existe des forces qui souhaitent que cela se prolonge jusqu’à ce que tout explose !
Le danger et ses implications pourraient unir les fils et les filles de notre patrie ! La réconciliation reste l’unique option pour notre citoyenneté commune.
Le travail de réconciliation nationale est la base de tout. Il est la condition essentielle pour mettre fin aux conflits et pour restaurer la cohésion du tissu national. Cette réconciliation doit être initiée dans la franchise et la reconsidération de notre marche commune dans l’histoire. Cela commence par nous-mêmes, se transmet à nos frères et sœurs, et touche notre relation à Dieu.

La réconciliation avec nous-mêmes est l’ effort le plus profond pour accorder notre comportement extérieur avec nos convictions intérieures les plus honnêtes, sans oublier notre désir d’unité et d’harmonie.
La réconciliation avec nos frères et sœurs est basée sur la vision de l’autre comme un partenaire, et non pas un adversaire. Nous devons nous efforcer de construire une relation réelle et honnête avec l’autre par la compréhension, la reconnaissance, l’acceptation de l’autre, sans chercher à posséder ses biens ou à l’éliminer.

Qui plus est, nous devons sérieusement réfléchir sur la manière d’ouvrir les portes closes, d’abattre les murs, et de surmonter les barrières psychologiques, afin que nous nous regardions les uns les autres comme des personnes libres et responsables, dans le respect pour la diversité et les différences d’opinion. Ainsi, nous deviendrons plus forts et unis contre les forces qui essaient de nous diviser et de nous éloigner les uns des autres. Le pouvoir n’est pas seulement le leadership, l’exclusivité, la supériorité et la possession ; son objectif est de servir les hommes et leur bien commun, surtout pour ceux qui sont abandonnés et opprimés.

La réconciliation avec Dieu est une relation personnelle et sociale qui ne peut être atteinte qu’à travers la réconciliation avec nous-mêmes et avec nos frères et sœurs. Cette relation proche et pleine de respect avec Dieu nous permet d’atteindre la plénitude dans nos relations avec les autres. Il en découle un amour sans fin pour eux, une amitié, et le désir d’une société meilleure faite d’un dialogue ouvert et d’une coopération intense. La base véritable de toute réconciliation est la loyauté envers l’Irak – la patrie unie de tout le peuple, et non pas seulement de groupes ou d’individus.

Pour ce qui est des oppositions que l’on retrouve au sein du peuple, elles sont un phénomène sain si nous apprenons ensemble à les reconnaître d’une manière civilisée basée sur le dialogue, la négociation et la priorité donnée au bien commun. Ces oppositions sont parties intégrantes de notre richesse culturelle et de notre tradition sociale, bien que parfois difficiles mais fondamentalement humaines, elles forment un lieu de rencontres épanouissant où la vie se déroule pleinement dans le respect de l’autre, au milieu même de nos différences.
La réconciliation impose d’assumer ses responsabilités avec détermination et confiance, avec dévouement, sagesse et vision, et de faire des concessions pour établir la paix, la stabilité et la prospérité dans le pays pour le bien-être de son peuple. Notre force aujourd’hui est dans la force de notre économie et non pas dans le pouvoir de notre arsenal militaire. Notre économie devrait contribuer au démantèlement de la militarisation excessive !
La réconciliation nationale et politique est un choix essentiel dans les circonstances actuelles, et requiert un examen des institutions existantes et de leur pertinence pour notre époque. Nous avons besoin de trouver de nouvelles organisations, basées sur des conceptions plus adaptées et plus efficaces pour un État civil moderne et fort, durable et en phase avec les idéaux réalistes de son peuple. Un tel État ne devrait pas seulement être
indestructible, mais aussi vivant, confiant et attentif aux États voisins et à la communauté des nations.
-Promouvoir une bonne économie réduisant le chômage et la pauvreté, construire une infrastructure solide, dispenser des aides utiles aux citoyens et contribuer à la stabilité nationale. C’est leur rêve. – Une nouvelle éducation et un nouveau mode opératoire positif parce que c’est à travers la conscience et l’éducation que l’on élimine les idées extrémistes qui engendre la haine et la violence.
– Rétablir le rôle de la classe moyenne, ce qui est d’une extrême importance, parce que c’est la clé de toute mobilité économique et sociale. – Le discours religieux doit conserver son rôle courageux et prophétique dans la défense des droits du peuple et la définition de ses responsabilités. Par son rôle prophétique, nous voulons dire que la parole religieuse des autorités devrait contribuer au développement et à la stabilité de la société, et la diriger vers les valeurs les plus élevées.
– Le gouvernement irakien doit promulguer une loi criminalisant les activités liées à la profanation de la religion et de ses lieux saints, ainsi que les formes de discrimination, la diffusion de la haine et de la division, à travers différentes formes d’expression.
Enfin, le désir d’une réconciliation nationale réelle est urgent pour parvenir à une paix durable et permettre aux personnes déplacées de retrouver leurs maisons, leurs champs, leurs villes et leurs occupations. Ce dont nous avons besoin pour atteindre cette réconciliation, c’est du courage et de l’audace d’une volonté politique nationale et morale pour sauver le pays et son peuple.

S.B. le Patriarche Louis Raphael Sako, Président de l’Assemblée des Evêques Catholiques en Irak
Le 6 août 2015

Cet appel a été envoyé aux membres du gouvernement et au Parlement irakien.
Texte original en anglais. Traduction validée par S.B. Louis Raphaël Sako : Œuvre d’Orient

 

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