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Royaume-Uni : Arrêtez de faire mourir de soif les personnes en fin de vie !

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Philippe Oswald - publié le 31/07/15
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Les autorités de santé britanniques ordonnent aux médecins et aux infirmières de cesser de tuer des patients en les privant d’hydratation, d’alimentation et de soins.
Ne privez plus d’eau les personnes en fin de vie : c’est la directive que le National Health Service (NHS), le système de la santé publique du Royaume-Uni, vient d’adresser aux médecins et aux infirmières. Il s’agit d’une "nouvelle orientation" du NHS, précise le Telegraphpour éradiquer une pratique du controversé Liverpool Care Pathway développé depuis les années 1990 au Royal Liverpool University Hospital et à l’hospice Marie Curie de cette ville pour prendre en charge les personnes en fin de vie, mais qui pratique l’euthanasie par privation de médicaments, d’aliments et de boisson.

"La route de la mort"

Surnommé "la route de la mort", ce protocole est accusé d’avoir fait passer de vie à trépas des milliers de personnes âgées ou en fin de vie. Nombre d’entre elles ont ainsi été euthanasiées sans leur consentement et celui de leur famille. Une pratique officiellement abandonnée depuis un an, mais qui, en fait, a perduré sous d’autres appellations dans nombre d’hôpitaux britanniques comme l’ont constaté des associations venant en aide aux personnes atteintes de cancer et le Royal College of Nursing.

L’Institut national pour l’excellence de la santé et des soins (NICE : National Institute of Health and Care Excellence), qui dépend du ministère de la Santé, préconise que désormais toute personne en fin de vie ou vulnérable soit hydratée comme elle le souhaite si c’est compatible avec son état et qu’aucune ne puisse mourir de soif. Il demande que les proches des malades soient encouragés à les hydrater quand c’est possible et demande au personnel de santé d’anticiper les difficultés, tels les problèmes de déglutition.

"Il est choquant que de telles précisions s’imposent"

Cette nouvelle orientation sur les soins dispensés à l’hôpital stipule qu’une hydratation assistée (utilisant une perfusion intraveineuse) soit proposée aux patients qui sont dans leurs derniers jours. "Il est choquant qu’il soit nécessaire de préciser cela aux médecins et aux infirmières, a commenté l’association de défense des droits des malades et de leurs proches CAPP (Concerned Association of Patients and Providers) mais ce n’est pas surprenant après ce à quoi l’on a assisté avec le Liverpool Care Pathway."

Un guide donné au personnel hospitalier précise les signes indiquant qu’une personne est proche de la mort et ceux qui indiquent une amélioration ou une détérioration de son état. Le ministère de la Santé constate en effet que les soignants ont manqué de formation aux signes cruciaux d’une amélioration qui aurait dû conduire à redémarrer un traitement ou la nutrition et l’hydratation du patient. Le guide explique aussi qu’il faut améliorer la communication avec les mourants et avec leurs familles.

92 000 Anglais privés chaque année de soins palliatifs

Le professeur Bill Noble, directeur médical de l’hospice Marie Curie, a déclaré : "Nous nous félicitons de la publication de la directive NICE pour aider les médecins et les infirmières à identifier quand quelqu’un est en train de mourir et d’améliorer les soins qu’ils reçoivent dans les derniers jours de la vie. Nous savons par notre propre recherche, que près de 92 000 personnes par an en Angleterre sont privées de soins palliatifs, souvent parce que les professionnels de la santé ne reconnaissent pas qu’elles sont en fin de vie".

Les autorités de Santé du Royaume-Uni estiment que l’accompagnement et les soins pour les personnes en fin de vie pourraient être améliorés pour plus de 350 000 personnes chaque année. Beaucoup ont souffert inutilement dans leurs derniers jours par défaut de soulagement de la douleur ou de trop longs délais pour un traitement de routine. D’autres ont été indûment privées de leur désir de mourir à la maison, ou n’ont pas eu la possibilité de dire adieu à leurs proches en raison de la mauvaise communication du personnel de santé. D’autre part, des inspections ont relevé des défaillances "épouvantables" dans les soins dispensés dans des résidences de personnes âgées ou souffrant de démence, notamment en raison des pénuries de personnel relevées dans un établissement sur cinq.

Après ce naufrage du protocole de soins de Liverpool, les responsables de la santé suggèrent une approche nouvelle du traitement de la personne en fin de vie, associant étroitement les familles aux équipes d’experts (The Guardian). 

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