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Les migrants autrichiens seront accueillis… en Slovaquie

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Philippe Oswald - publié le 29/07/15
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Un accord surprenant : alors que les pays d’Europe pratiquent le “chacun pour soi” face à la pression migratoire, le marché conclu entre l’Autriche et la Slovaquie pourrait bien faire école.La cacophonie entre les pays membres de l’Union européenne face à l’immigration est tragiquement illustrée ces dernières semaines par la dizaine de clandestins qui ont trouvé la mort en tentant de gagner la Grande-Bretagne via le tunnel sous la Manche. Ils sont actuellement des milliers à tenter chaque nuit de s’introduire sur le site d'Eurotunnel (Huffington Post).

Une pression explosive

La Grande-Bretagne, qui ignore la carte d’identité, reste pour eux un eldorado en raison des possibilités de travail au noir qu’elle offre aux sans-papiers. "Si, selon Eurostat, la Grande-Bretagne n’était en 2014 que le sixième pays européen en termes de demandes d’asile derrière l’Allemagne, la Suède, l’Italie, la France et la Hongrie, les tentatives spectaculaires de franchir le tunnel sous la Manche ces derniers jours mettent en lumière la force d’attraction du pays sur les migrants", souligne Libération.

L’Allemagne voit se lever "une vague de violence, comme le pays n'en a pas connu depuis les années 1990 (…) contre les réfugiés" (Le Figaro) tandis que la Hongrie, où plus de 80 000 migrants et réfugiés sont entrés depuis le début de l'année, vient d’annoncer la construction d’une clôture de 4 m de haut sur les 175 kilomètres de sa frontière avec la Serbie (Radio Canada).

Délocalisation et répartition des charges

Face à ce "chacun pour soi", un accord inédit vient d’être conclu cette semaine entre l’Autriche et la Slovaquie, relève Radio Vatican : "Vienne a annoncé la 'délocalisation' de 500 demandeurs d’asile chez son voisin slovaque". L’Autriche doit en effet faire face à des demandes d’asile qui, rapportées à sa population, seraient dix fois plus nombreuses que celles de l’Italie et de la Grèce confondues. Elle s’est donc tournée vers la Slovaquie,sa voisine, très restrictive pour l’accueil des réfugiés, pour qu’elle accepte d'en accueillir plusieurs centaines. "L’accord stipule entre autres que la Slovaquie prendra en charge les frais d’hébergement et de nourriture des migrants. De son côté, l’Autriche se chargera des frais de personnel."

"Un accord gagnant-gagnant"

Selon François Gemenne, chercheur au Centre d'études de l'ethnicité et des migrations de l'université de Liège, interviewé par Radio Vatican, une entente de ce genre pourrait faire école dans toute l’Europe : "On pourrait imaginer ce type d’accords bilatéraux entre pays proches géographiquement et politiquement", explique-t-il. Il voit dans le marché conclu entre l'Autriche et la Slovaquie un accord "gagnant-gagnant". Même si l’on peut critiquer l'aspect marchandage de l’échange entre demandeurs d’asile, ajoute-t-il, c’est un accord pragmatique qui peut avoir deux grandes vertus pédagogiques : permettre aux Slovaques d’accueillir un nombre plus important de demandeurs d’asile en constatant que ceux-ci s’intègrent en contribuant à l’économie slovaque, pour autant que l’expérience se passe bien ; rappeler que si la Slovaquie accepte aujourd’hui d’aider l’Autriche, c’est que celle-ci, à l’époque du "rideau de fer", avait accueilli de très nombreux réfugiés slovaques. C’est le rappel que de nombreux Européens au cours d’une période pas si lointaine, ont été des réfugiés : ayant retrouvé aujourd’hui paix et prospérité, l’Europe a une responsabilité vis-à-vis de ceux qui doivent actuellement fuir leur pays. 

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