La vidéo d’un musicien qui joue du violoncelle sur le site d’un attentat du pseudo État islamique est devenue virale sur Internet.
Karim Wasfi, le chef de l’Orchestre symphonique national irakien, s’est installé pour jouer de la musique sur le site d’un attentat à la voiture piégée qui avait fait au moins 10 morts et 27 blessés à Bagdad. On voit l’homme en costume de scène, assis à l’endroit exact où la bombe a explosé, jouant tout seul, puis entouré de badauds curieux, de plus en plus nombreux. C’est une forme de revanche sur les terroristes, signe que la vie continue et symbole du rejet de l’organisation État islamique, qui interdit certains types de musique, dont la musique classique.
"Le raffinement devrait être la norme"
Dans une interview accordée à Al Jazeera, M. Wasfi s’est expliqué sur cette initiative qu’il conçoit comme un refus de voir les attentats à la bombe comme une norme : "La sensibilité et le raffinement devraient être la norme, pas les explosions des bombes". Comme la majorité des Irakiens, il a ressenti le besoin de se venger après cet attentat odieux. En guise d’arme, il a donc empoigné son violoncelle, avec le sentiment d’avoir le devoir de "rééquilibrer les choses". Certains soldats qui observaient la scène ont pleuré, raconte le maestro et les passants se sont rassemblés autour de lui apportant des bougies et des fleurs, le priant de jouer encore.
"Ils préfèrent le bruit des bombes"
Cette performance musicale pourrait lui valoir de devenir la cible de terroristes, qui affirment que la musique classique est haram ("péché" en arabe). Ce à quoi M. Wasfi répond qu’il n’est pas intimidé : "Si des gens sont assez malades pour ne pas accepter la musique classique, s’ils la diabolisent et qu’ils n’entendent plus que le bruit des bombes, je peux le leur imiter avec mon violoncelle, sans tuer personne. Il devrait pouvoir écouter cela". Il répond avec la même hauteur à ceux qui prétendent qu’en temps de guerre il est indécent de se préoccuper de luxe comme le divertissement ou l’art. La musique est à ses yeux aussi indispensable que l’eau ou l’air. "Peut-être qu’à ma façon, je suis aussi extrémiste que ces fous !", conclut-il.
Des artistes contre la guerre
Aleteia), organise ainsi des expositions de photos qui ressuscitent l’Alep d’avant-guerre. Le peintre syrien Tammam Azzam a aussi réalisé une fresque qui symbolise l’esprit de résistance sur la violence et la laideur : une reproduction géante du Baiser de Gustav Klimt, sur un mur criblé d’impacts
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