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Terre Sainte : Annonce choc pour les chrétiens de Crémisan

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 10/07/15
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La Cour Suprême d’Israël autorise la construction du mur de séparation au bord de la vallée. Le vicaire apostolique, Mgr Shomali, s’interroge sur ce revirement “incroyable”…

Après près de dix ans de bataille judiciaire, la belle vallée de Crémisan, près de Beit Jala non loin de Bethléem, site emblématique du christianisme, sera à son tour coupée en deux par le haut mur de béton qui isole déjà 9,5% du territoire de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. La Cour Suprême israélienne, contre toute attente, en a décidé ainsi, autorisant le 7 juillet dernier la reprise des travaux du mur, entamés en 2002 pour, officiellement, arrêter les infiltrations terroristes. Les travaux avaient été interrompus il y a quatre ans à la faveur d’un bras de fer juridique opposant le ministère israélien de la Défense et les chrétiens locaux. Ces derniers sont aujourd’hui dans un grand désarroi, déplore Mgr William Shomali, vicaire patriarcal du Patriarcat latin de Jérusalem. L’évêque est sidéré par "l’incroyable décision de la Cour qui autorise les travaux sans plus admettre de recours".

Juste une légère variante par rapport au projet initial

Il y a trois mois à peine, le rejet du projet par la Cour Suprême et sa demande aux autorités israéliennes de trouver des alternatives moins dévastatrices pour la population locale, semblait éloigner le spectre des confiscations de terres agricoles vitales pour une soixantaine de familles et la destruction d’un paysage naturel et culturel d’une valeur unique, avec des pratiques agricoles ancestrales. La vallée est recouverte d’oliviers et de citronniers, productrice du vin de messe de toute la Terre Sainte (
Mission de Palestine). Selon l’arrêté de la Cour Suprême, la reprise des travaux autorisée par la Cour prévoit seulement une légère variante par rapport au tracé initial du mur : l’école et les deux couvents salésiens demeureront en territoire palestinien et seront toujours accessibles à partir de la ville de Beit Jala, alors que le mur englobera dans la partie israélienne les terres agricoles des 58 familles palestiniennes de la zone.

Les causes du revirement, selon Mgr Shomali

Le vicaire apostolique affirme avoir eu "la nette sensation qu’il n’y a jamais eu de réelles intentions à renoncer aux terres de Cremisan", mais bien de s’en approprier pour permettre l’agrandissement des colonies israéliennes de Gilo et Har Gilo, elles-mêmes issues de terrains soustraits à la ville palestinienne de Beit Jela. "Telle était l’intention depuis le début, l’objectif visé et c’est à cela que l’on veut arriver à tout prix", dénonce-t-il à
l’Agence Fides au lendemain de la décision de la Cour Suprême. La récente reconnaissance officielle de l’État palestinien de la part du Saint-Siège y serait-elle pour quelque chose ? Mgr Shomali affirme à ce propos : "Nous cherchons à comprendre les raisons de ce fait. Un tel revirement drastique par rapport à la décision précédente peut être une réaction à cette reconnaissance. (…) Il n’y a pas eu de grandes réactions formelles à cette reconnaissance, mais nous avons aujourd’hui la sensation que, comme dans d’autres cas, la réponse est arrivée en utilisant la politique du fait accompli".

Cette reconnaissance a fait l’objet d’un accord historique sur les droits de l’Église catholique en territoire palestinien, signé au Vatican le 26 juin dernier, entre Mgr Gallagher, secrétaire pour les rapports avec les États et Riad Al-Malki, ministre palestinien des Affaires étrangères (
Radio Vatican). À cette occasion, Mgr Gallagher avait exprimé le souhait de voir cet accord servir d’une manière ou d’une autre de "stimulant" pour "trouver une solution à la question palestinienne et mettre un terme définitif au conflit israélo-palestinien (…) dans le contexte d’une solution à deux États et des résolutions de la communauté internationale, renvoyant à une entente entre les parties".

Un verdict qui n’aide pas le processus de paix

Après ce revirement de la Cour Suprême israélienne, la pression monte sensiblement dans la région, et côté palestinien on craint un durcissement des "actions politiques nationalistes et intransigeantes" à leur égard. Ce verdict est "un non-sens" et "n’aide pas le processus de paix", commente pour
AsiaNews le sociologue catholique Bernard Sabella de l’université de Bethléem, membre du Fatah et secrétaire exécutif du bureau chargé des réfugiés palestiniens au sein du Conseil des Églises du Moyen-Orient. Le principe "d’exproprier et construire le mur", ajoute-t-il, "est contraire aux droits de l’homme et va contre les revendications légitimes des palestiniens". Et d’ajouter : "Cette décision nous bouleverse, c’est un nouveau refus du principe de justice pour le peuple de Palestine. Au nom de la sécurité, on s’empare de terres, sans se soucier des rancœurs que pourrait provoquer une telle décision et du tort fait aux droits des personnes (…). En faisant cela Israël révèle son manque de courage et son incapacité à poursuivre une vraie politique de paix".
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