Une question mystérieuse, un vieux débat. Cependant, voici dix raisons de penser que le plus grand dramaturge de tous les temps était très probablement… un catholique clandestin.
Du grand dramaturge anglais, on ne sait presque rien. Il n’y a pas de plus grande énigme que la vie du Barde de l’Avon – William Shakespeare. En particulier, était-il catholique ou protestant ? Voici 10 raisons qui donnent à croire qu’il était en fait catholique.
1. L’Angleterre élisabéthaine comptait un grand nombre de catholiques clandestins. Cette Angleterre d’Elisabeth (1558 à 1603) était un Etat policier protestant. Tous devaient jurer fidélité à la reine. L’assistance aux offices protestants était obligatoire, sous peine d’être sanctionné, emprisonné, puis à nouveau sanctionné. L’Eglise catholique entra alors dans la clandestinité, tandis que se développait un réseau secret de familles fidèles à Rome.
2. La famille de Shakespeare faisait partie des catholiques clandestins. Ils rejetaient la religion d’Etat, d’où leur surnom de "renonçants". La mère de Shakespeare appartenait à la famille Arden, noyau célèbre et influent de renonçants dans le Warwickshire. Un membre des Arden fut condamné à mort pour avoir caché un prêtre et John Shakespeare, père de William, sera sanctionné pour avoir refusé d’assister aux offices anglicans. Susanna, la fille de Shakespeare était catholique
3. Un pamphlet catholique a été découvert, dissimulé parmi les chevrons de la maison natale de Shakespeare. Il s’agissait de la traduction d’un tract de saint Edmond Campion, un jésuite qui fut exécuté en 1581.Le jeune William Shakespeare a vécu dans la maison et à l’époque où fut caché cet écrit.
4. Shakespeare aurait eu un mariage catholique. Il se maria avec Anne Hatawat en 1582, mais pas dans l’église paroissiale : les deux conjoints préférèrent être mariés par le père John Frith, dans sa petite église proche du village de Temple Grafton. Quatre ans plus tard, le gouvernement accusera le père Frith d’être un prêtre catholique. William et Anne sont-ils allés le voir pour avoir un mariage catholique?
5. Ses sympathies religieuses, en particulier catholiques, transparaissent dans l’œuvre de Shakespeare. Dans ses œuvres théâtrales figurent des personnages catholiques dépeints positivement : le père Lorenzo dans Roméo et Juliette et le père Francisco dans Beaucoup de bruit pour rien. L’œuvre de Shakespeare reflète une connaissance profonde de la liturgie et de la doctrine catholiques.
6. Shakespeare condamna le régime Tudor.Hamlet est une œuvre sur la désintégration sociale, l’inceste, la folie, l’infertilité et le crime. Toutes choses dont les catholiques accusaient le régime des Tudors depuis Henry VIII jusqu’à Elisabeth.
7. Shakespeare associe la révolution sociale et le chaos au protestantisme. Hamlet et son ami Horatio sont des "étudiants de Wittenberg”, le berceau du protestantisme, tandis que le Danemark est représenté comme un nouveau régime protestant. La référence est claire : la révolution protestante a conduit à l’homicide, le fratricide, l’inceste, et le chaos dans le pays.
8. Shakespeare aurait visité le Séminaire anglais à Rome, très probablement. En 2009, les archivistes de l’illustre collège anglais ont découvert dans le registre des pèlerins qui ont visité le collège anglais deux mystérieux noms qui pourraient avoir été les pseudonymes utilisés par Shakespeare. Compte tenu de l’époque et des dangers, les catholiques anglais à l’étranger voyageaient souvent sous un faux nom. Les dates coïncident avec celles d’une période au cours de laquelle on ne sait pas où il se trouvait.
9. Après sa retraite, Shakespeare acheta une petite propriété à Londres, sans doute pour servir de refuge à des prêtres catholiques. Il acheta la Blackfriar’s Gatehouse à un prix exorbitant. Il l’aurait utilisée pour offrir un refuge aux prêtres clandestins afin qu’ils célèbrent des messes en cachette.
10. Shakespeare, dit-on, mourut en catholique. Il lèguera presque tous ses biens à sa fille catholique Susanna. Il ne laissa rien aux membres protestants de sa famille. Et vers la fin du XVIIe siècle, un pasteur anglican écrivit que le grand poète et dramaturge mourut "papiste", c’est-à-dire catholique romain.
Adapté de l’anglais par Élisabeth de Lavigne