Quarante ans après la signature des accords d’Helsinki, le Saint-Siège réaffirme l’urgence de redonner à la liberté religieuse sa fonction essentielle au sein d’une société menacée par la violence extrémiste et la radicalisation .
Il y a 40 ans, le Canada, les États-Unis et 33 pays européens, réunis à Helsinki en Finlande, signaient une série d’accords relatifs à la paix, la sécurité, la justice et la coopération en Europe, ainsi qu’au rapprochement entre ces pays et avec les autres États du monde. Parmi les principes et buts à mettre en pratique : "Le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, y compris la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction", aujourd’hui "menacés par les pays totalitaires mais aussi par des États qui, en se définissant neutres, excluent en fait toute expression religieuse de la vie publique", a déploré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège.
Un "socle fondamental" pour la paix
Lors d’un congrès consacré aux 40 ans de l’Acte final d’Helsinki, dans une des salles du Sénat italien, le cardinal Parolin a rappelé ce qu’ont représenté pour le Vatican les deux années de discussions (1973-1975) avant la signature de l’Acte, adopté en pleine guerre froide et marquant un tournant historique dans les relations entre États, à partir du moment où les droits humains ne sont plus considérés comme les affaires intérieures d’un État, mais deviennent des objets de relations internationales ! "La liberté religieuse et les droits humains constituent ‘un socle fondamental’ pour la paix et de la stabilité en Europe, a-t-il souligné avec force, et le Saint-Siège ne cessera de les promouvoir par la voie diplomatique, en lui donnant toujours la priorité dans "ses engagements internationaux". Le Saint-Siège, a-t-il ajouté, ne cesse de rappeler à la communauté internationale "la nécessité de combattre l’intolérance et la discrimination envers les chrétiens avec cette même détermination qui caractérise sa lutte contre la haine envers les membres des autres communautés religieuses".
Si, pour l’Église, le dialogue est l’outil indispensable pour atteindre la paix, protéger les personnes dans leurs droits est une garantie pour la conserver : "Protéger la liberté religieuse, c’est protéger le bien commun de tous les citoyens, croyants ou non croyants", a insisté le cardinal Parolin. Au cours de son intervention, le représentant du Saint-Siège a eu une pensée spéciale pour les migrants "dont le statut d’étrangers, n’efface en rien leur identité comme membre à part entière de la même famille humaine", et pour "les pauvres, les humbles, les minorités et les périphéries" renouvelant les espoirs de l’Église, 40 ans après l’acte final d’Helsinki – que les États auront à cœur la protection de "notre maison commune", la terre, comparée par le pape François à "une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence", et une jolie mère "qui nous accueille à bras ouverts", dans son encyclique Laudato si’. "L’Église catholique ne cessera d’être à vos côtés, de cette manière discrète qui caractérise sa mission religieuse. Car celle-ci est convaincue de la validité de l’idéal qu’incarnait il y a 14 ans ce document qui, pour des millions d’Européens, plus qu’un document final, représente un acte d’espoir", a conclu le cardinal Parolin en renouvelant les vœux prononcés par Jean Paul II, lors de sa visite apostolique en Finlande en 1989.
Le rôle essentiel des religions pour la société
"Les religions ont un rôle essentiel à jouer dans les sociétés démocratiques pour qu’elles soient véritablement inclusives" – c’est-à-dire adaptées aux différences des personnes, soucieuses de donner à tous les mêmes chances de réussite – faisait valoir au Conseil de l’Europe, le 8 juin dernier, Mgr Paul Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, en plaidant pour "plus de dialogue entre les religions et les cultures, entre les confessions et les institutions publiques". Et dans le contexte d’un environnement profondément sécularisé, où "violence extrémiste et radicalisation" sont de plus en plus difficiles à contenir, "comprendre la signification de ce rôle est, selon lui, un signe de sagesse politique de la part des États et des organisations internationales". La liberté religieuse est un "bon baromètre pour mesurer le degré de liberté qui règne au sein d’une société", a encore dit Mgr Gallagher, et chercher à la restreindre "ne porte qu’à un affaiblissement de la démocratie". Il fait une dernière mise en garde : être un État "laïque" ne veut pas dire être "indifférent aux religions ou pire, être un État agnostique", mais au contraire "avoir conscience de la valeur que beaucoup de ses citoyens attachent à leur croyance religieuse et du rôle important que jouent les communautés religieuses au sein de la société". Mgr Gallagher intervenait lors d’un séminaire intitulé : "Construire ensemble des sociétés inclusives".