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Législatives en Turquie : coup dur pour Erdogan, bonne nouvelle pour la liberté

Turkey's General Election ISTANBUL, TURKEY - JUNE 7: President of Turkey Recep Tayyip Erdogan (C) and his wife Emine Erdogan (L) prepare to cast their ballot in the Turkish general election at a polling station in Istanbul, Turkey on June 07, 2015. More than 53.7 million Turks are eligible to vote in a poll to elect 550 deputies to the Grand National Assembly. Metin Pala / Anadolu Agency

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Philippe Oswald - publié le 09/06/15
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Le président de la République voulait la majorité absolue pour passer à un régime présidentiel : pari perdu. Et au prix d’une victoire historique pour le HDP, la formation kurde.
Les Turcs n’ont pas boudé les élections législatives de ce dimanche : 85% de participation, deux points de plus qu’au scrutin précédent. Mais ce n’était pas pour envoyer des fleurs à Recep Tayyip Erdogan : il essuie un "sérieux revers", "une gifle", un "échec cuisant", selon les quotidiens turcs au diapason de la presse internationale, relève Courrier International. Le parti d’Erdogan, l’AKP, passe de 49% à 40,7% des suffrages, ce qui devrait lui faire perdre entre 50 et 60 députés. "Le tout-puissant parti au pouvoir a subi son premier échec majeur en 13 ans de règne, en perdant la majorité absolue à l’Assemblée", constate Le Figaro.

Dérive autoritaire

Leader islamo-conservateur dont la dérive autoritaire prenait des formes inquiétantes, Erdogan voulait obtenir une majorité des deux tiers (400 sièges) au Parlement pour changer la Constitution afin d’instaurer un régime présidentiel qui lui aurait donné les pleins pouvoirs. Au lieu de cela, non seulement il perd la majorité absolue, ce qui l’obligera à former un gouvernement de coalition, mais le parti kurde HDP, avec 12,9% des voix, fait une entrée historique à l’Assemblée où il obtient 80 sièges. Les deux coprésidents du parti pro-kurde ont remercié "les soutiens à leur campagne, les bénévoles, les blessés aussi des nombreux attentats de ces dernières semaines". Ils ont ensuite fait deux promesses. La première, de tout faire pour reprendre et poursuivre le processus de paix entre Ankara et la rébellion kurde après plus de 30 ans de rébellion armée et de guerre civile. La seconde, de ne faire à aucun prix une alliance avec l’AKP (RFI).

"Contre une forme d’islamisation rampante"

Cette défaite d’Erdogan est "une bonne nouvelle" pour l’éditorialiste du Monde. "C’est un rééquilibrage en profondeur qui est en cours, contre une forme d’islamisation rampante, avancée sous couvert d’ambition néo-ottomane, dans une Turquie trop complexe et diversifiée pour ne pas réagir. Elle l’a fait dimanche, dans le bon sens, au risque d’une certaine instabilité gouvernementale et économique, mais, signe de grande maturité, dans la paix des urnes."

Le fait est que les marchés – que la liberté des peuples dérange toujours – ont mal réagi à la période de turbulences qui s’annonce, constate Le Point : "Dès lundi matin, les marchés ont sanctionné l’entrée de la Turquie dans une phase d’instabilité politique, inédite depuis 2002. (…) En cas d’échec des tractations (pour former un gouvernement de coalition) sous 45 jours, Recep Tayyip Erdogan pourrait dissoudre le Parlement et convoquer de nouveau les électeurs devant les urnes".

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