Comme la mère de Vincent Lambert, deux évêques et cinq des 17 juges de la Cour européenne des droits de l’homme crient leur indignation contre l’arrêt que celle-ci a rendu le 5 juin pour autoriser son euthanasie.
Au lendemain de la validation de l’arrêt de mort prononcé contre Vincent Lambert par la Cour européenne des droits de l’lomme (CEDH) (voir Aleteia), la mère de Vincent Lambert (ci-dessus, avec son avocat) a fait part de sa peine, de sa colère et de sa volonté intacte de sauver son fils : "Loin d’être désespérée par la décision, cette femme de 70 ans qui a déclenché la guerre judiciaire contre l’équipe médicale et Rachel Lambert, est plus que jamais prête à combattre", commente le JDD. "Pour elle, un éventuel retrait des sondes qui hydratent et nourrissent l’ancien infirmier est une euthanasie. Ce n’est pas l’aider à mourir, c’est le faire mourir. (…) ‘Vincent n’est pas en fin de vie. S’ils recommencent, on ira en justice à nouveau’, promet-elle."
"Nous ne voulons pas qu’on provoque sa mort"
Tel est aussi l’avis clair et net des premières autorités religieuses à réagir, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, et le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Celui-ci n’a pas caché son indignation au micro de RTL (vidéo : aller à 10’25”) dimanche soir : "La décision de la Cour européenne me choque profondément. Car en fait, cet homme, il est vivant ! Son cœur bat, il respire par lui-même, ses paupières bougent. Il n’a pas d’assistance respiratoire. On dit : ‘Il faut le débrancher’, mais il n’est pas branché ! (…) Nous, ce qu’on ne veut pas, c’est qu’on provoque sa mort ! Parce qu’on doit respecter sa vie. J’ai entendu les arguments des avocats qui disaient : ‘Les droits de l’homme en bonne santé’. Et l’homme qui n’est pas en bonne santé, il a quoi comme droits ? Quels sont ses droits ? Cette Cour européenne des droits de l’homme, elle a été créée à la fin de la Guerre mondiale précisément pour protéger les handicapés. J’imagine que beaucoup de personnes handicapées et leurs proches vont être très déstabilisés par un arrêt tout à fait incompréhensible". Pour sa part, le jour même du verdict de la CEDH, Mgr Aillet tweetait : "Aujourd’hui en Europe, 12 individus ont voté la mort d’une personne handicapée #VincentLambert. Et demain ?".
"Une euthanasie qui ne veut pas dire son nom"
Non moins explicites mais sans précédent, les réactions de cinq des juges de la Cour européenne des droits de l’homme, en désaccord avec l’arrêt rendu le 5 juin, qui fustigent celle-ci pour avoir validé à la majorité des voix la décision de faire mourir Vincent Lambert en cessant de l’hydrater et de l’alimenter. Il s’agit des représentants de Malte, de la République de Moldavie, de la Géorgie, de la Slovaquie et de l’Azerbaïdjan. Pour eux, écrivent-ils, "cette affaire est une affaire d’euthanasie qui ne veut pas dire son nom".
Leurs critiques sont exposées dans les annexes mêmes de l’arrêt, et elles sont d’"une sévérité hors normes", constate Le Figaro, non seulement "à l’encontre de ce jugement mais aussi de la Cour elle-même, qu’ils désavouent désormais jusqu’à la légitimité de porter son nom". Eux aussi soulignent que si Vincent Lambert est "en état végétatif chronique" et "en état de conscience minimale", "en aucun cas on ne peut dire qu'[il] se trouve dans une situation de fin de vie". Et ils lancent cette interpellation indignée : "Nous posons donc la question : qu’est-ce qui peut justifier qu’un État autorise un médecin, en l’occurrence non pas à ‘débrancher’ Vincent Lambert mais plutôt à cesser ou à s’abstenir de le nourrir et de l’hydrater, de manière à, en fait, l’affamer jusqu’à la mort ?". "En 2010, pour célébrer son 50e anniversaire, la Cour a accepté le titre de Conscience de l’Europe, concluent les cinq juges. Nous regrettons que la Cour, avec cet arrêt, ait perdu le droit de porter le titre ci-dessus."