Cette application pour iPhone est sous le feu des critiques : son concept permet de pratiquer le harcèlement en tout anonymat.
Mais quelle est donc cette "appli" qui déclenche une telle levée de boucliers ? Gossip, ou "rumeur" en français, est une application pour Iphone créée en mars 2015 pour "démocratiser les ragots" selon sa créatrice, Cindy Mouly. Le principe est simple : vous prenez une photo ou vidéo qui vous sert de preuve et vous y joignez un commentaire, un ragot de préférence. Une seule règle : le message ne doit pas dépasser les 140 caractères. Une fois ceci fait, vous envoyez le tout à l’ensemble de votre répertoire afin que la rumeur se répande comme une traînée de poudre. Les destinataires ont ensuite dix secondes pour visualiser le message, sur le même modèle que Snapchat pour les initiés.
Harceler en tout anonymat
Outre l’utilité douteuse d’un tel réseau social, deux problèmes sont pointés du doigt : d’une part l’anonymat qui incite au harcèlement et permet tout type de calomnie, en particulier dans les milieux collégiens et lycéens très concernés par ce phénomène. C’est aussi l’absence totale de modération qui est soulignée : insultes, photos en tout genre peuvent ainsi circuler librement sans aucune limite. Sous le feu des critiques, l’initiatrice de ce concept a suspendu pour l’heure le téléchargement. Gossip rouvrira bientôt, "le temps de mettre en place un système de modération plus élaboré", peut-on lire actuellement sur la fiche de présentation de l’application. "Je voulais que ma cible soit des jeunes actifs âgés entre 20 et 35 ans, je ne m’attendais pas à ce que des collégiens se ruent sur Gossip", affirme Cindy Mouly à l’hebdomadaire Madame Figaro. "J’ai été un peu naïve, admet-elle. Il y a eu une erreur sur iTunes qui a permis aux internautes de s’inscrire dès l’âge de 12 ans", soutient-elle par ailleurs.
"Une ambiance horrible dans le lycée"
Deux syndicats lycéens d’un établissement strasbourgeois ont réclamé mardi 2 juin l’interdiction de Gossip qui a déjà été téléchargée plus de 60 000 fois. Ils estiment que ce réseau social est en réalité vecteur d’un climat malsain et qu’il favorise le harcèlement. "Cela a créé une ambiance horrible dans le lycée. Tout le monde cherche à savoir qui a écrit quoi", a confié une élève. Dans un communiqué, la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud Belkacem, a appelé mercredi à "une extrême vigilance sur la teneur des messages qui seraient mis en ligne". Elle dit vouloir considérer "la lutte contre le harcèlement scolaire comme l’une des priorités". Véritable fléau des salles de classe, le harcèlement en milieu scolaire toucherait un enfant sur dix selon le ministère de la Santé.