Le journal américain “Science” renie une étude qu’il avait précédemment publiée, car truquée.
Le titre faisait "sérieux" voire "scientifique" : "Quand le contact change les esprits : une expérience sur la transmission du soutien pour l’égalité des gays", par Michael J. Lacour et Donald Green. Cette étude prétendait répondre à la question : "Une simple conversation peut-elle changer l’avis d’une personne sur une question sociale comme le mariage entre personnes du même sexe ?".
La conclusion de cette étude, diffusée dans Science le 12 décembre 2014, était que lorsque des intervenants homosexuels s’entretenaient avec des personnes opposées au "mariage gay", ces dernières changeaient d’avis, plus facilement que si l’intervenant était lui-même hétérosexuel. L’étude, étalée sur 18 mois et qui prétendait se baser sur 10 000 participants, suggérait que les personnes confrontées à la réalité de l’homosexualité devenaient davantage favorables au "mariage" homosexuel. Les chercheurs arrivaient à la conclusion qu’il y avait un effet de "contagion" de cette opinion, effet qui était "confirmé par les expérimentations ultérieures". À terme donc, l’opposition au mariage entre personnes de même sexe deviendrait forcément minoritaire.
Mensonges et irrégularités
Science s’est finalement publiquement rétracté. Outre des organismes faussement crédités par l’étude, des chercheurs indépendants ont relevé des irrégularités en matière de statistiques. M. Green, ancien professeur du jeune Lacour à la Columbia University, a lui-même dénoncé le travail de son étudiant quand il a pris connaissance d’un trucage de statistiques. "Je me sens profondément embarrassé par le tour que prennent les événements et présente mes excuses à la rédaction et aux lecteurs de Science. (…) C’était une incroyable montagne de fabrication avec des éléments de remplissage baroques. Il y avait des histoires, il y avait des anecdotes, ma boîte de réception est emplie de graphiques et de statistiques, on croirait que personne ne pourrait faire cela sans se baser sur des données réelles."
Un dossier accablant
Le jeune chercheur a tenté de se défendre dans une lettre, mais ne parvient pas non plus à se dégager de l’accusation d’avoir faussement revendiqué le soutien financier de trois associations : The Ford Foundation, The Evelyn and Walter Haas Jr. Fund et The Williams Institute at UCLA. Sans leur soutien, il n’a selon toute vraisemblance pas pu s’offrir les services de l’institut de sondage uSamp, contrairement à ce qu’il affirme dans son étude. Une série d’e-mails échangés avec un certain "Jason Peterson" de uSamp, qui auraient dû justifier les relations de M. Lacour avec la société, prouve au contraire la culpabilité du chercheur : le Jason Peterson en question n’existe pas.