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La coalition impuissante face à l’État islamique

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Philippe Oswald - publié le 02/06/15
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La réunion à Paris, ce 2 juin, de la coalition internationale contre l’EI manifeste le désarroi de l’Occident face à la progression des islamistes de Daesh en Syrie et en Irak.
Quelle stratégie adopter face aux djihadistes de l’organisation État islamique ? La réunion ce mardi à Paris des représentants de la coalition internationale, sous la houlette du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, avec le secrétaire d’État adjoint des États-Unis Antony J. Blinken et le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi, était supposée la redéfinir. Les 4 000 frappes de la coalition internationale depuis dix mois ont certainement infligé des pertes importantes à Daesh et freiné sa progression, mais le fait est qu’elles ne l’ont pas enrayée. En Irak, la chute de Ramadi, le 17 mai, marque une nouvelle défaite cuisante pour l’armée gouvernementale et parachève la conquête de la province d’Al-Anbar par l’État islamique. En Syrie, la chute de Palmyre, le 20 mai, offre aux djihadistes la moitié du territoire syrien.

C’est au plan irakien pour reconquérir la ville clé  de Ramadi que devait être consacré l’essentiel des travaux du jour. "La stratégie de reconquête de M. Abadi donne la priorité à la mobilisation des tribus sunnites locales et au déploiement d’unités de police dotées d’un nouveau commandement. Elle sous-tend l’entraînement et l’équipement d’importantes troupes par les membres de la coalition. Bagdad assure vouloir imposer son contrôle sur les milices chiites qui assument l’essentiel des combats dans la contre-offensive lancée le 26 mai sur Ramadi. Ces milices, réunies sous le sigle gouvernemental des unités de la mobilisation populaire (MP), cultivent leur indépendance voire, pour certaines, une inféodation à l’Iran, qui leur fournit armes et conseillers" (Le Monde).

Trois tabous paralysants

Trois tabous entravent les occidentaux : le refus de l’engagement de troupes au sol, la coopération avec l’Iran, et le rôle des monarchies du Golfe (sunnites) et de la Turquie dans le financement des islamistes. Pas grand-chose à attendre sur le premier point : "Pour l’instant, les États-Unis écartent tout changement de stratégie dans la région. Celle-ci se cantonne essentiellement à des frappes aériennes, de la formation et l’équipement des forces gouvernementales et locales, et du soutien à une politique d’inclusion des sunnites dans cette guerre contre le groupe terroriste sunnite" (Challenges). Rien d’officiel sur le second point : ne faisant pas partie de la coalition internationale, l’Iran n’était pas invité à Paris alors qu’il finance et arme la lutte contre l’EI via des milices chiites en Syrie et en Irak.

Quant au troisième point, le rôle de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie reste des plus ambigus, et l’on n’a pas le sentiment que les États-Unis et leurs alliés aient envie de dissiper cette ambiguïté. Ces trois pays sont paradoxalement membres de la coalition contre l’État islamique… "Ironie du sort, l’Arabie saoudite, soupçonnée d’avoir longtemps fermé les yeux sur les flux d’argent à destination des groupes djihadistes, préside ce mardi à Paris le groupe de travail consacré à la lutte contre le financement de l’EI. Quant à la Turquie, suspectée d’avoir laissé transiter sur son territoire nombre de djihadistes en partance pour la Syrie, elle pilote mardi la table ronde consacrée aux moyens de combattre l’afflux de combattants étrangers au sein de l’organisation" (Le Point).

De bons et de mauvais djihadistes ?

Il y aurait donc les "bons djihadistes", ceux qui combattent Bachar sous la bannière de "l’Armée de la Conquête" (dont le Front al-Nosra, cache-nez d’Al-Qaïda); et les "méchants djihadistes" de Daesh… bien qu’eux aussi combattent Bachar ! Sur le terrain, les différences sont ténues et la fraternité sunnite prête à se ressouder à la première occasion. En Irak, la faiblesse des forces gouvernementales face aux djihadistes est principalement due au peu d’enthousiasme des sunnites pour défendre un pouvoir dominé par les chiites depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. En Syrie, l’armée de Bachar fond à cause de la désertion des soldats sunnites.

En réalité, il y a longtemps qu’il n’y a plus aucune unité nationale viable en Irak comme en Syrie : l’éclatement ethnique et confessionnel de ces pays semble inéluctable, sunnites, chiites, alaouites et Kurdes voulant tous se retrouver chez eux, en sécurité, avec leur propre gouvernement, fût-il dictatorial.

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