"Si vous pensez à nous pour pratiquer des avortements, ne comptez pas sur nous !" Un groupe de jeunes médecins, opposés au projet de loi sur une dépénalisation de l’avortement dans leur pays, explique sur les réseaux sociaux qu’ils ont choisi d’être des professionnels de la santé "pour soigner, soutenir et protéger la vie de chacun" et qu’ils n’ont aucune intention d’enfreindre un aspect essentiel de leur profession : "la promotion et le respect de la vie".
"On ne peut pas obliger un groupe de professionnels à pratiquer un avortement"
Avec le Pérou, le Nicaragua et le Salvador, le Chili est l’un des pays d’Amérique latine qui interdit totalement l’avortement, c’est-à-dire même en cas de viol, pour des raisons de santé ou si la vie de la mère est en danger. Or, à l’initiative de la présidente du pays, Michelle Bachelet, un projet de loi prévoit de dépénaliser l’IVG dans ces trois cas particuliers. Médecins, spécialistes, laïcs et religieux opposés à cette éventualité multiplient les initiatives de dissuasion.
"On ne peut pas obliger un groupe de professionnels à pratiquer un avortement. (...) Les professionnels de santé ont droit à l’objection de conscience pour s’y opposer", rappellent les jeunes médecins dans une vidéo où ils font aussi appel à leurs confrères et aux étudiants en médecine de tout le pays, pour qu’ils s’unissent à eux et montrent que "pratiquer un avortement n’est pas si facile car cela demande l’intervention d’une grande équipe de professionnels" (médecins, infirmières, anesthésistes, sages-femmes, etc.), et que pour les forcer à une telle pratique il faudrait d’abord tous les convaincre.
Un pèlerinage marial organisé à travers tout le pays
Au même moment, un groupe de laïcs, avec le soutien du sanctuaire national Notre-Dame du Mont-Carmel à Maipú, a décidé d’entreprendre un pèlerinage dans tout le pays pour susciter des prières qui éloignent le spectre de ce prochain vote. Ils sont partis avec l’image de la Vierge, "Reine et Mère de la vie et de la famille", convaincus de pouvoir former derrière elle une longue chaîne de prières qui les aidera à "faire prévaloir la culture de la vie dans leur pays", comme cela leur été recommandé par l’archevêque de Puerto Montt (Sud du pays), Mgr Cristián Caro, au premier jour du pèlerinage, le 24 mai dernier. Jusqu’en juillet, les pèlerins sillonneront les routes, s’arrêtant dans les écoles, les paroisses, les communautés et mouvements religieux de plusieurs villes.
Bénie par Benoît XVI en 2010, à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance du Chili, pour qu’elle accompagne la population dans ses moments de difficulté, la Vierge du Carmel, proclamée patronne et général en chef des armées du Chili en 1818, est là pour rassurer, protéger et veiller sur la vie de tout être humain, "une valeur qui n'admet aucune discussion et dont on doit prendre soin (...) dès sa conception jusqu’à son déclin naturel", rappelle le magistère de l’Église aux professionnels de la santé.