Sous un soleil estival, ce prêtre de Bayonne a été béatifié dans la cathédrale Sainte-Marie au cours de la messe de la Sainte Trinité.
Soleil radieux à Bayonne, en cette solennité de la Sainte Trinité, pour la béatification du Père Louis-Édouard Cestac (1801-1868), prêtre du diocèse et fondateur de la congrégation des Servantes de Marie et de leur branche contemplative, les Bernardines.
La cérémonie, retransmise en direct sur KTO, s’est déroulée en milieu d’après-midi en la magnifique cathédrale gothique Sainte-Marie qui surplombe la ville, au cours de la messe de la Sainte Trinité présidée par le cardinal Amato avec Mgr Aillet, évêque de Bayonne, les évêques d’Aquitaine et du Pays basque espagnol. Bien que le cloître de la cathédrale ait été ouvert pour y accueillir les fidèles que l’église ne pouvait contenir, il avait fallu organiser un "relais" vidéo – et sacramentel – dans l’église Saint-André, située en contrebas, dans le "vieux Bayonne", sur la presque-île entre Nive et Adour, pour ne priver personne de ce grand moment d’Église.
De fait, toute l’Église était représentée, entre les cardinaux Amato (Rome) et Ricard (Bordeaux), une dizaine d’évêques et de nombreux prêtres, les descendants de la famille du père Cestac, sa famille spirituelle : les Servantes de Marie et les Bernardines, ou encore le clan routier "Bienheureux Louis-Édouard Cestac" de la Fédération des Scouts d’Europe, jusqu’aux détenues de la maison d’arrêt de Pau qui avaient obtenu, grâce à leur aumônier, une autorisation exceptionnelle de sortie.
Un apôtre des "périphéries"
Par son engagement au service des plus pauvres et des plus méprisés, Louis-Édouard Cestac était allé aux "périphéries" comme y exhorte aujourd’hui le pape François. Il aura donc été certainement particulièrement agréable au Saint-Père de déclarer "bienheureux" ce prêtre du XIXe siècle comme le lui demandait l’évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, Mgr Marc Aillet. La ferveur et l’émotion était perceptible quand, dès l’ouverture de la célébration, le cardinal Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, a donné la réponse (en latin) du Pape à l’évêque de Bayonne : "Nous accordons que le vénérable Serviteur de Dieu Louis-Édouard Cestac soit désormais appelé bienheureux". Alors fut dévoilé le portrait du bienheureux Louis-Édouard Cestac (ci-dessus) réalisé à la demande du diocèse par l’artiste peintre bayonnais Jean-François Simon « avec de l’ambre et de la prière », comme celui-ci l’a confié à Aleteia.
La fête du nouveau bienheureux est fixée au 27 mars, jour de son rappel à Dieu. Vous pouvez retrouver sur le site de KTO un reportage consacré à la vie du Bienheureux Père Cestac.
Aleteia a déjà résumé la vie de Louis-Édouard Cestac (1801- 1868). Rappelons quelques traits, soulignés au cours de cette cérémonie, par Soeur Jacqueline Bordenave, supérieure générale des Servantes de Marie, et par le cardinal Amato : la piété mariale qui anima tout jeune le futur bienheureux, la consécration par Marie de toute sa personne à Dieu : "Tout de Dieu, pour Dieu, avec Dieu" (une devise qui fait écho au "totus tuus" de saint Jean Paul II), son amour et son dévouement sans borne pour tous les nécessiteux "à l’aise avec lui et lui avec eux", son zèle et son inventivité pour leur porter secours.
Bouleversé par la mort d’une prostituée de 20 ans, il décide d’agir. Aidé par une de ses jeunes sœurs, il fonde les "Servantes de Marie". Sans aucun moyen financier, c’est naturellement vers la Mère de Dieu qu’il se tourne en se rendant en pèlerinage au sanctuaire marial de Buglosse, dans les Landes (tout proche de la maison natale de saint Vincent de Paul qui y pria souvent). La Vierge lui répond : "Ne me demande que mon esprit".
C’est au prix de grands sacrifices qu’il parvient à acheter à Anglet, ville toute proche de Bayonne, sur la côte basque, un domaine dont il fera "Notre-Dame du refuge" (la commune d’Anglet a inauguré l’avenue "Abbé Cestac" le matin même de sa béatification). Il dirige la maison confiée à l’action éducatrice des Servantes de Marie, elles-mêmes soutenues par la prière de leurs sœurs contemplatives, les Bernardines. Les Servantes de Marie essaimeront dans les campagnes, formant de petites communautés caritatives dans les villages, ce qui conduira le Père Cestac à développer ses compétences d’agronome…
Une cause perdue… et retrouvée
L’histoire de la cause de béatification ouverte…. en 1908, mais dont le dossier s’était perdu – notamment ce qui attestait de la guérison inexpliquée d’un homme atteint de gangrène, grâce à l’intercession de l’abbé Cestac – prouve que la Providence aime le suspense… dont nous avons vécu le dénouement ce 31 mai 2015. Oui ce fut un grand "moment de grâce et de fête", a conclu la supérieure des Servantes de Marie en nous confiant tous à l’intercession du bienheureux Louis-Édouard Cestac. Il est devenu l’une des gloires du diocèse de Bayonne avec son ami et confident, saint Michel Garicoïts (1797-1863), fondateur des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus plus communément appelés Pères de Bétharram.