Daesh exécute actuellement tous ceux qui sont soupçonnés d’avoir collaboré avec le régime de Damas… sans toucher aux vestiges, pour le moment.
Depuis la première offensive sur la ville de Palmyre par le prétendu État islamique (EI) il y a neuf jours, 217 personnes auraient été exécutées par l’organisation selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 450 selon le quotidien Al Watan, considéré comme proche du régime de Damas.
Rafles générales
L’organisation terroriste poste sur les réseaux sociaux des vidéos de combattants qui fouillent les bâtiments gouvernementaux. Utilisant les haut-parleurs des minarets, les djihadistes ont appelé la population civile à livrer les collaborateurs du régime des Assad. Les habitants de Palmyre qui n’ont pas pu fuir se terrent, craignant les djihadistes et les frappes aériennes de l’aviation syrienne. Depuis la prise de la ville, l’activité de cette force militaire s’est considérablement intensifiée, menaçant aussi bien la population civile que les ruines antiques de Palmyre.
Fatwa contre les archéologues
La crainte de voir détruire le joyau antique de Palmyre a donné à cette bataille une exposition médiatique inédite depuis Kobané. Pour l’heure, le pseudo État islamique n’a pas touché aux pierres, préférant s’en prendre à la population suspecte de soutenir le régime syrien. Certains commentateurs espèrent que la ville antique sera épargnée, mais il faut se rappeler que l’EI veut détruire tout ce qui rappelle le passé préislamique des régions qu’il contrôle. Il a d’ailleurs prononcé une fatwa contre les archéologues. Trois fonctionnaires du Service des antiquités syriennes ont été blessés par balles alors qu’ils sortaient de Palmyre avec deux camions remplis de pièces de musée. Le directeur syrien des antiquités, Maamoun Abdelkarim a indiqué à l’AFP : "Au total, 1 000 pièces sont sorties progressivement du musée, si nous avions eu 15 jours de plus nous aurions pu évacuer les 18 sarcophages, pesant plusieurs tonnes, restés au musée".
La cité antique en sursis
Ce qui motive ces destruction est certes l’idéologie, mais aussi le désir de frapper les esprits. Le sort des ruines de Palmyre est suspendu aux desiderata du "Service de communication" du pseudo Califat. Quand il aura besoin d’un "coup d’éclat", il pourra bien décider de détruire le site. C’est ce qu’il a fait dans le musée de Mossoul, dont les œuvres ont été détruites sous l’œil des caméras en mars 2015, soit plus de six mois après la prise de la ville.