Éliminés lors de la première demi-finale, les punk-rockeurs du groupe finlandais PKN repartent de Vienne en ayant rempli leur mission : montrer qu’ils sont “juste des gars normaux avec un handicap mental…”.
Il n’y aura pas de finale pour les punk-rockeurs du groupe finlandais PKN au concours Eurovision de la chanson 2015, mais personne – jury et public – n’oubliera leur passage remarqué à cette 60e édition jusqu’à leur élimination en première demi-finale, le 19 mai dernier. D’abord, parce que leur chanson "Aina mun pitää" ("Je dois toujours"), qui ne dure que 90 secondes, mais 90 secondes de pure énergie, évoque le quotidien difficile des handicapés, un genre inhabituel dans ce type de rendez-vous, et parce que les membres du groupe sont eux-mêmes trisomiques et autistes et qu’ils ont montré que cela ne les empêchait pas de faire de la musique et de bien jouer de leurs instruments. "Si la Finlande n’était pas prête à présenter un candidat punk à l’Eurovision, elle l’est maintenant", avait commenté Sami Helle, le bassiste des PKN, à la veille de la compétition.
Déjà cinq disques
Le groupe PKN est devenu très populaire en Finlande en 2009. Il s’est formé autour du guitariste Pertti Kurikka, avec Kari Aalto au chant, et Toni Välitalon à la batterie, après leur rencontre dans un atelier pour personnes souffrant de déficience intellectuelle. Les quatre hommes ont déjà sorti cinq disques, et ont effectué des tournées internationales. Un documentaire leur avait été consacré en 2012, "The Punk Syndrome", racontant leur quotidien et les difficultés pour les personnes atteintes de maladies mentales de s’intégrer dans la société, qui avait reçu de nombreux prix.
Certains ont vu dans leur participation à l’Eurovision "une façon déguisée de se servir du handicap pour faire le buzz", d’autres un risque pour la Finlande, s’ils gagnaient, de nuire à l’image du pays en présentant une chanson "d’une qualité douteuse", voire "la pire chanson de tous les temps" à l’Eurovision, selon quelques unes des plus lourdes et sidérantes réactions rapportées sur certains sites spécialisés. Les membres de PKN, eux, visaient un objectif et l’ont atteint : braquer les projecteurs sur leur différence "tout en prenant du bon temps". Au quotidien britannique The Guardian, ils avaient confié quelques mois auparavant : "Nous ne voulons pas que les gens votent pour nous par pitié, nous ne sommes pas si différents des autres, juste des gars normaux avec un handicap mental…".