De la guerre en Afghanistan au “mariage pour tous”, nombreux sont ceux à être tombés dans le piège du mépris.Pourtant, depuis plus de 2 000 ans un impératif se dessine, porté par de grands stratèges et un Galiléen… Face à une opposition, la tentation de mépriser son adversaire vient vite. Quand on n’a pas de doute sur la conduite à tenir et sa justesse, alors l’adversaire devient celui qui n’a rien compris. L’opposant est celui qui se trompe lourdement. Et si cet opposant s’avère apparemment plus faible, alors le mépris, la démonstration de force et l’orgueil se déchaînent. L’autre sera vaincu sans faire d’histoires, en théorie.
Mépriser son ennemi, c’est aller droit vers la défaite
"Qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu", Sun Tzu, L’art de la guerre. Cette citation géniale a plus de 2 000 ans. Et depuis, L’Art de la guerre est demeuré un livre fondateur pour quiconque s’intéresse à la stratégie. Les mystères qui entourent son auteur dans la Chine antique n’enlèvent rien au génie de ce court livre fait de principes et d’aphorismes. Ici, la sentence est sans appel : mépriser son ennemi, c’est aller droit vers la défaite.
L’ennemi est "l’autre" par excellence, il est celui qui n’est pas moi. Mépriser son ennemi c’est nier une part de cette altérité. Penser que l’autre est inférieur, et parfois jusqu’à nier son humanité, c’est refuser qu’on puisse se laisser surprendre. Mais l’autre ayant une volonté propre, l’effet de surprise ne dépend pas de nous.
On peut commencer à voir l’autre d’un point de vue stratégique. Il est doté d’une volonté propre, qui diffère et s’oppose à la nôtre en tant qu’adversaire. Il faut le prendre en considération pour ne pas risquer de le sous-estimer. Ainsi, quand on considère simplement que l’autre se trompe lourdement sans autre forme de procès, on part du principe que l’autre a pris les mêmes bases que nous pour son raisonnement. Pourtant tout montre que ce n’est pas le cas. Lire la suite sur les Cahiers Libres