En votant “oui” à la bénédiction de couples homosexuels mariés, l’Église protestante unie de France rompt avec la Bible… et avec la cohérence.
Réunis en synode national à Sète (Hérault), 105 délégués de l’Église protestante unie de France se sont prononcés le 17 mai en faveur d’accorder la bénédiction aux couples de même sexe mariés. Le fait que ce vote coïncide avec la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie n’a sans doute rien de fortuit.
"Une juste façon de témoigner de l’Évangile"
94 voix pour, et 3 contre : il y a donc eu quasi-unanimité des délégués pour donner "la possibilité, pour celles et ceux qui y voient une juste façon de témoigner de l’Évangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu".
Curieuse formule. Elle est d’ailleurs assortie d’un communiqué de l’EPUdF, précisant que la bénédiction des couples homosexuels n’est "ni un droit, ni une obligation", mais une "possibilité", et "ne s’impose à aucune paroisse, à aucun pasteur". Ainsi certains pasteurs auraient la liberté de voir dans cette bénédiction "une juste façon de témoigner de l’Évangile" tandis que d’autres, non ? Au nom de quoi, cette acceptation, au nom de quoi, ce refus ? De l’arbitraire du "libre arbitre" ? On voit cependant mal un des 500 pasteurs de l’EPUdF refuser de donner cette bénédiction après un tel vote, sauf à s’exposer quasi automatiquement à un procès en "homophobie".
Pourquoi d’ailleurs réserver cette bénédiction aux couples homosexuels "mariés" ? Le mariage n’étant pas considéré comme un sacrement par les protestants, on ne comprend pas pourquoi tout duo homosexuel qui le souhaiterait ne pourrait pas être béni. Voilà une nouvelle "discrimination" en perspective…
Expurger l’Ancien et le Nouveau Testament ?
Mais l’incohérence principale est ailleurs : elle est dans la rupture avec la Bible. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament ne foisonnent pas de références à l’homosexualité, mais quand le sujet est abordé, c’est clairement et sans appel. Citons pour mémoire, Lévitique 18,22 : "Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination" et, dans le Nouveau Testament, saint Paul : 1 Corinthiens 6,9 : "Ne vous y trompez pas ! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni homosexuels… n’hériteront du Royaume de Dieu" ; ou encore Romains 1, 26-27 : "Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes : car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature ; pareillement les hommes, délaissant l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leur égarement". Il va donc falloir réécrire ou expurger la Bible pour sacrifier à l’air du temps en bénissant au nom de Dieu des unions homosexuelles.
Débat "difficile" et "douloureux"
Cela n’a évidemment pas échappé aux opposants au sein de l’Église luthéro-réformée. "Au cours du synode, quelques voix ont rappelé que le débat avait été "difficile", même "douloureux" dans certaines paroisses, tandis que d’autres ont pointé le risque de fragiliser, par cette décision, la communion avec les Églises sœurs protestantes – notamment évangéliques – et le dialogue œcuménique avec l’Église catholique" (La Vie). "Cela ne va sans doute pas simplifier les choses", a sobrement commenté Mgr Pierre-Marie Carré, évêque de Montpellier, invité au synode de Sète (La Croix).