L’Onu s’inquiète des conditions « dramatiques » dans lesquelles vivent au moins 25 000 habitants des îles nigériennes du lac Tchad évacués par crainte de nouvelles offensives de la secte islamique.
Ayant répondu à un ordre du gouvernement nigérien de fuir d’ici lundi des îles nigériennes du lac Tchad « pour des impératifs de sécurité », environ 26 000 insulaires vivent déjà dans des conditions « dramatiques » dans plusieurs sites du Sud-Est du Niger, selon des sources onusiennes.
Les autorités usent de la menace
Les autorités ont menacé les habitants pour obtenir cet exode, dénonce le responsable d’une ONG nigérienne : « Rien n’était organisé. Le gouvernement a formulé une menace, disant que tous ceux qui ne quitteraient pas les îles avant lundi soir seraient considérés comme des membres ou des sympathisants de Boko Haram », déclare-t-il au média allemand Deutsche Welle » (20 minutes). Il accuse les soldats nigériens d’avoir chassés ces populations « comme des animaux ». Confirmation a été donnée à l’AFP directement par l’Onu : « Ces gens sont là sur un espace nu. Il n’y a pas de tente, pas d’abri, un soleil de plomb et des tempêtes de sable. On a vu des femmes et des enfants sans eau. La situation est dramatique » (Le Monde).
Cette expulsion massive est la conséquence du revers subi par l’armée nigérienne le 25 avril, le plus lourd depuis son entrée dans le conflit au sein de la coalition régionale composée du Tchad, du Cameroun et du Nigeria : un assaut de Boko Haram contre une des îles du lac Tchad gardée par une garnison nigérienne avait fait 74 morts et 32 disparus parmi les militaires et les civils (Aleteia).
« Les enfants sont trop faibles pour pleurer »
Au Nigeria, le retour à la vie des femmes et des enfants libérés de Boko Haram au cours des récentes offensives victorieuses de l’armée nigériane (Aleteia) n’est guère plus facile, constate Le Point. Souffrant de graves traumatismes, de dénutrition et de maladies, « les enfants sont trop faibles pour pleurer, et les femmes, meurtries », certaines enceintes à la suite des viols qu’elles ont subis. « Si des moyens ont été mobilisés pour apporter un soutien physique et moral à ces femmes et ces enfants, les autorités sanitaires de Yola avouent être débordées » : en effet, outre les otages libérés, la capitale de l’État d’Adamawa a vu arriver un flux incessant de déplacés ces derniers mois.