À l’occasion du centenaire du génocide arménien, les députés européens appellent l’Arménie et la Turquie à normaliser leurs relations.
Selon une résolution du Parlement européen du mercredi 15 avril, l’Arménie et la Turquie devraient « prendre exemple sur la réconciliation des nations européennes », en ratifiant et en mettant en œuvre, sans conditions préalables, les protocoles sur l’établissement de relations diplomatiques, en ouvrant la frontière entre les deux pays et en améliorant de manière active leurs relations, notamment en ce qui concerne la coopération transfrontalière et l’intégration économique. La première étape de ce chemin de réconciliation serait la reconnaissance par la Turquie du génocide arménien. En ce sens, les députés saluent la déclaration du pape François du 12 avril commémorant le centenaire du génocide.
Un passé qui ne passe pas
Un geste historique en ce sens du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été fait le 23 avril 2014, la veille du jour commémorant le 99e anniversaire du génocide. Il avait à l’époque adressé les condoléances du pays aux « petits-fils des Arméniens tués en 1915 », lors des massacres qui ont coûté la vie à près d’un million d’Arméniens, sous l’Empire ottoman. Jamais un chef du gouvernement turc ne s’était exprimé aussi ouvertement sur ce sujet ô combien sensible. Pourtant, il semble difficile d’envisager qu’en 2015 Ankara passe à la vitesse supérieure et reconnaisse pleinement le génocide arménien.
Nationalisme turc et pressions extérieures
La résolution du Parlement européen est examinée du côté d’Ankara, avec en arrière-fond le rêve lointain d’une adhésion à l’Union européenne. Mais elle risque de ne pas avoir l’effet escompté. En décembre 2014, lorsque l’Union européenne avait adressé ses critiques au gouvernement d’Erdogan pour son non-respect de la liberté de la presse, celui-ci avait répondu officiellement qu’il se « fichait de ce que Bruxelles pensait de sa politique ». Dans une interview au journal Vatan, il avait précisé :
« Nous n’accepterons jamais d’être un pays sous influence, sous pression ». Si la personnalité du ministre Turc ne fait pas l’unanimité dans son pays, son indépendance affichée à l’égard des pressions internationales plaît à ses concitoyens. Le nationalisme touche toutes les couches de la société en Turquie, et l’idée que leur politique puisse leur être dictée par des États étrangers leur est insupportable. La présente résolution du Parlement européen diminue donc les chances, déjà minces, de voir en 2015 le génocide arménien reconnu par la Turquie.