Dimanche 12 avril, deux attaques contre l’armée et la police dans la péninsule du Sinaï ont été revendiquées par la branche locale du groupe État islamique.Une bombe placée en bord de route a explosé dimanche 12 avril au passage d’un véhicule blindé militaire, causant la mort d’un officier et de cinq autres militaires, près de la localité de Cheikh Zouwaid, dans le Nord-Sinaï. Quelques minutes après, huit personnes ont été tuées par un camion piégé. Le kamikaze a fait exploser son véhicule à côté d’un poste de police à El-Arich, chef-lieu de la province du Nord-Sinaï. Le groupe Ansar Beit al-Maqdis (les Partisans de Jérusalem) a revendiqué les attaques sur Facebook et Twitter : « Attaque contre un véhicule de soldats mécréants », puis « Un repaire de la police mécréante a été visé à El-Arich par une voiture piégée conduite par un martyr ».
Guerre contre le régime en place
En plus de ces deux attaques meurtrières, un incident a impliqué un sniper du groupe terroriste qui a blessé trois militaires lors d’une attaque à un point de contrôle proche de la ville de Rafah. Toutes ces actions interviennent en réaction à la confirmation par un tribunal égyptien, samedi 11 avril, de la condamnation à mort du numéro un des Frères musulmans, Mohamed Badie, et de 13 autres personnes accusées de violences.
Du côté de l’armée égyptienne, la campagne militaire lancée il y a deux ans n’a pas réussi à mettre fin aux attaques. Les autorités avancent le chiffre de 500 policiers et soldats tués par des extrémistes depuis 2013. Dans le même temps, les forces de sécurité ont tué plus de 1 400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15 000 sympathisants islamistes. Des centaines ont depuis été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs. Le président Abdel Fattah al-Sissi a publié dimanche un décret prévoyant une peine de prison à vie pour les personnes reconnues coupables d’avoir creusé ou utilisé des tunnels aux frontières du pays, en particulier vers la bande de Gaza.
L’État islamique en Égypte
Ansar Beit al-Maqdis s’est déjà fait tristement connaître par le passé en Egypte. Il prétend établir dans le Sinaï une province du califat autoproclamé et a revendiqué de nombreuses attaques contre les forces de l’ordre dans le Nord-Sinaï, frontalier d’Israël et du territoire palestinien de la bande de Gaza. Historiquement, ce mouvement lié aux Frères musulmans existait bien avant l’organisation État islamique, mais répond à la mode de s’affilier au « califat » d’al-Bagdhadi. Cette affiliation symbolique souligne une proximité idéologique inquiétante entre ces différents groupes, mais il s’agit d’une unité de façade. De la même façon, al-Bagdhadi lui-même était affilié à Al-Qaïda avant de faire sécession et de fonder son califat. De telles alliances de circonstances peuvent changer rapidement !