Un confrère belge propose à ses lecteurs une activité ludique et décontractante : calculer le temps qui leur reste à vivre. Je l’ai testée pour l’édification des lecteurs d’Aleteia…et de mes héritiers.
Je suis soulagé. Mes héritiers le seront sans doute un peu moins. J’ai testé six outils pour calculer le temps qui me reste à vivre, comme le propose aimablement le bien nommé journal belge Le Vif à ses lecteurs.
Le tapis roulant
Le premier outil pour calculer son espérance de vie, c’est le tapis roulant. C’est la classique épreuve d’effort visant à évaluer les effets de l’exercice sur le cœur. Selon le chercheur Johns Hopkins, le test du tapis roulant peut prédire votre chance de survie pour les 10 ans à venir : « La formule tient compte de votre capacité à tolérer l’exercice physique en comptant les équivalents métaboliques (MET). Une marche lente égale à deux MET alors que courir égale huit ». Ayant analysé les informations de milliers de personnes âgées de 18 à… 96 ans qui ont effectué le test du tapis roulant, Johns Hopkins et son équipe ont cherché combien sont passées de vie à trépas dans les années qui ont suivi. Et là, ils ont eu une révélation : « Ils se sont rendu compte que le niveau physique était le principal indicateur de mortalité ». En somme, si je suis en pleine forme, j’ai plus de chances d’être encore en vie dans 10 ans que si j’ai « la rate qui se dilate, le foie qu’est pas droit, le ventre qui se rentre, le pylore qui se colore, le gésier anémié… », comme le chantait le comique troupier Gaston Ouvrard il y a quelque 80 ans. Bon, j’avoue que je n’avais pas de tapis roulant à ma disposition, mais la route de Cantegrouille qui est moins roulante mais plus champêtre, et même un rien coassante, comme son nom l’indique. La parcourant deux fois par jour avec deux chiens dont un lévrier, et même le chat qui se joint à nous pour la promenade du soir, je suis certain de pulvériser des records de MET. Foin donc de tapis qui roule et n’amasse pas mousse : à cœur vaillant, rien d’impossible !
Un peu de gymnastique
L’autre test n’a pas besoin de matériel sophistiqué, ni d’ailleurs d’autre matériel que le corps lui-même. Il a été conçu par le Brésilien Claudio Gil Araujo pour des personnes âgées (enfin, de plus de 50 ans…) afin de vérifier leur capacité à se baisser et à se lever : « Pour effectuer le test, rester debout au centre d’une pièce. Sans utiliser vos bras, asseyez-vous au sol avec les jambes croisées. Ensuite, relevez-vous de la même manière et toujours sans l’aide des bras. Vous obtenez cinq points pour vous assoir et cinq points pour vous lever. Enlever un point si vous utilisez votre bras ou votre genou et un demi-point si vos mouvements sont empotés ou que vous perdez l’équilibre. Claudio Gil Araujo a réalisé ce test sur plus de 2 000 patients âgés de 51 à 80 ans. Il a remarqué que ceux qui faisaient un score de trois ou moins avaient cinq fois plus de chance de mourir dans un court laps de temps ». Bon, pour ce test-là, j’ai zappé, car même si je l’avais tenté à 20 ans, il y a de ça très longtemps, ma souplesse de verre de lampe me l’aurait rendu absolument inaccessible, voire périlleux. Près d’un demi-siècle s’étant écoulé, j’en conclus que j’ai eu vraiment beaucoup de chance de ne pas mourir prématurément. Peut-être même suis-je encore en vie parce que je n’ai jamais tenté de faire le test du bon docteur Claudio Gil Araujo (de l’université de Rio de Janeiro).
Mesurez vos télomères !
Mais voici un test à première vue nettement moins périlleux : « Une bonne manière de déterminer notre âge biologique est de mesurer la longueur de nos télomères. Les télomères sont des fragments d’ADN qui protègent les chromosomes et dont le rétrécissement est associé au vieillissement cellulaire. À chaque fois qu’une cellule se duplique, le télomère se raccourcit. Certains chercheurs pensent que la longueur de télomères peut prédire la longueur de votre vie. » Mais il y a trois hic : 1°) « La technique est toujours sujette à controverse » ; 2°) « Les tests étaient, jusqu’il y a peu, très onéreux » ; 3°) « Ils sont aujourd’hui facilement disponibles » mais cette évolution « fait craindre le diagnostic maison »… Je mourrai donc sans crainte… de connaître la longueur de mes télomères.
À la force du poignet !
Mais ne désespérons pas. Le quatrième test est vraiment à portée de la main. Il tient en effet dans la force de préhension. « Vous avez une bonne poigne ? Tant mieux puisque votre force de préhension pourrait être un indicateur de votre jeunesse biologique. Une poignée de main mollassonne pourrait être le signe d’un vieillissement précoce. Pour la renforcer, il existe des exercices comme serrer une balle. » Alors là, c’est vraiment simple ! Il y a la baballe que j’envoie à mes deux toutous (que le meilleur gagne) et si cela ne suffit pas, le fronton du village où se pratique la pelote à main nue. Mais la prochaine fois que nous nous saluerons, je vous conseille d’éviter le shake-hand si vous tenez à l’intégrité de vos phalanges.
« Hé, ardé ! C’est-y un nez ? »
De plus en plus facile : le cinquième test est, lui, à portée de nez, et il aurait réjoui Cyrano : « Les odeurs vous agressent ? Votre odorat est très développé ? C’est une bonne nouvelle pour votre espérance de vie. Une étude basée sur 3 000 personnes qui devaient reconnaître cinq odeurs et réalisée par l’université de Chicago a déterminé que 39 % des personnes ayant raté le test des odeurs sont mortes dans les cinq ans. » Une odeur par an, en somme. « Nous pensons que la perte d’odeur est un peu comme le canari dans les mines, précise le chercheur dans MNN. C’est le signe que quelque chose ne va pas. » Mais pas de panique, tout de même : vous avez peut-être le rhume des foins (un vrai fléau en ce moment dans nos campagnes). Et d’ailleurs, même si l’on a perdu son nez, l’important n’est-il pas de mourir en odeur de sainteté ?
Pour le sixième test, je l’avoue, j’ai fait l’école buissonnière. Car il y a tromperie sur la marchandise : ce n’est pas un test, mais, je cite, « de nombreux tests en ligne » ! En voici un ici et un autre là (en anglais). Mais à mon avis, l’Évangile est de bien meilleur conseil : « Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure » (Matthieu, 25, 13).