Ahmad Mahmoud Abdallah restera en prison. Celui que l’on connaît également sous le nom d’Abu Islam, suite à ses provocations antichrétiennes, a été débouté en appel.
Entre autres provocations antichrétiennes, Ahmad Mahmoud Abdallah avait profané une Bible lors d’une manifestation antichrétienne en septembre 2012. Il s’en était bruyamment expliqué auprès du journal The Mohit : « Je l’ai déchirée [la Bible] en morceaux et les ai jetés aux manifestants pour qu’ils les piétinent. La prochaine fois, je demanderai à mon petit-fils d’uriner dessus ».
Provocation contre provocation
Cette manifestation venait en réponse au film de Terry Jones, L’innocence des musulmans, réalisé à l’occasion des dix ans des attentats du 11 septembre. Dans cette réalisation, il y brûlait le Coran sous l’œil des caméras, provoquant un tollé dans le monde musulman. Abu Islam s’était alors chargé de riposter au nom des musulmans… et on voit dans le détail de sa mise en scène qu’il est loin d’être un illuminé et qu’il faut aborder ces problématiques avec beaucoup de finesse pour ne pas mettre en danger les chrétiens coptes d’Égypte.
Le condamné avait brandi successivement trois livres devant l’ambassade américaine au Caire. Le premier, le Coran : « Celui qui surpasse tous les livres, le Livre de la vérité. La place de ces mots et de ce livre est au-dessus des têtes car il représente la vraie inspiration ». Il avait ensuite brandi une Bible en arabe et prévenu : « Par respect et politesse pour les Égyptiens chrétiens, nous ne ferons pas à leur livre ce qu’ils ont fait avec notre livre divin, nous serons généreux envers vous et nous vous respecterons momentanément. Nous respecterons ce livre écrit en arabe ».
Cette étonnante délicatesse est tempérée par le « momentanément » qu’il faut expliquer : ces musulmans croient qu’à la fin des temps la venue du Réformateur universel, le Madhi, viendra imposer l’islam sur toute la terre. La présence de toutes les autres religions est donc tolérée temporairement. Abu Islam avait ensuite brandi une Bible en anglais et précisé : « C’est le livre en lequel Terry croit, ainsi que les Égyptiens chrétiens qui vivent en Amérique ». Il l’avait ensuite brûlée, jetant des morceaux à la foule. Le bouillant religieux musulman s’est aussi fait connaître pour des déclarations particulièrement violentes. Il possède sa propre chaîne de télévision « al-Ummah » et assurait dans l’un de ses prêches que les femmes qui se rendaient place Tahir pour célébrer le deuxième anniversaire de la révolution « souhaitaient être violées » : « 90% d’entre elles sont des croisées, assurait-il, et les 10% restantes sont des veuves hystériques ».
Pas de condamnation des imams
Le clergé copte s’est étonné qu’Abu Islam ne soit condamné ni par les organisations musulmanes ni par l’imam de la mosquée Al-Azhar, référence internationale de l’islam sunnite, nommé par le gouvernement de l’époque, celui de Mohamed Morsi et des Frères musulmans. Les coptes ont rappelé que, pour leur part, ils avaient condamné sans ambiguïté les agissements du pasteur Terry Jones. Il aura donc fallu attendre l’arrivée au pouvoir du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, en 2013, pour que le profanateur musulman soit emprisonné et condamné.
Réaction excessive ?
Les partisans d’Abu Islam ne manqueront pas de constater que le pasteur Terry Jones n’a pas été inquiété par le gouvernement américain alors que leur imam croupit en prison. Et pour un œil occidental, cinq ans de prison pour avoir brûlé une Bible semble une peine bien sévère. Pourtant, cette réaction est salutaire selon un copte égyptien contacté par Aleteia. « Abu Islam est un psychopathe, une honte pour l’Égypte. Avec ses émissions de télévision effrayantes, il représentait un danger pour l’harmonie entre chrétiens et musulmans dans ce pays ! » Pour lui, il n’y a pas d’autre réponse à apporter que la condamnation judiciaire, car les « prêches » télévisés ne sont pas de simples discours mais de véritables incitations à la violence, et ont un véritable impact sur les mentalités égyptiennes. Une fois de plus, seule l’armée semble représenter un rempart contre l’islamisme fanatique en Égypte.