Ces femmes yézidies n’ont pas pu se rendre en Belgique, où leur témoignage était pourtant attendu, du fait d’un simple raté administratif.
Elles devaient se rendre jeudi 25 mars au Parlement européen à Bruxelles (Belgique) pour témoigner du drame irakien, mais elles n’ont finalement pas reçu les visas qui devaient leur être délivrés par les autorités belges. Bloquées à l’aéroport d’Istanbul, elles ont dû retourner à Erbil, dans le Kurdistan irakien. Ce raté, incompréhensible, suscite la colère du président allemand du Parlement, Martin Schulz. D’autant plus que l’une d’entre elles, Vian Dakhil, s’est fait connaître l’été dernier par son appel repris sur YouTube, dans lequel elle dénonçait un génocide à l’encontre de sa communauté. Vian Dakhil est la seule représentante yézidie à l’Assemblée irakienne, et son appel avait alors pris une ampleur internationale, contribuant à l’intervention des forces américaines. Le fait qu’il ait pu être entendu au Parlement irakien et non au Parlement européen aggrave évidemment la portée de cet incompréhensible refus de visa.
« Un incident absolument scandaleux »
L’élu allemand dénonce dans un entretien accordé au quotidien La Libre Belgique un événement qui « donne une image révoltante de la Belgique auprès des institutions européennes ». La conférence, organisée par le Britannique David Campbell, président de la Commission chargée des relations avec l’Irak, a été annulée. Les quatre femmes avaient décollé d’Erbil pour Istanbul, et ont dû faire marche arrière faute des visas promis. Après « une partie de ping-pong entre les Affaires étrangères et l’Intérieur », selon une source anonyme, les quatre femmes sont rentrées au Kurdistan.
Une procédure d’exception pour les personnalités ?
Georges Dallemagne, député belge du Centre démocrate humaniste, dénonce « une humiliation supplémentaire à l’égard des victimes de ces crimes atroces qui ont subi viols, esclavage et exactions en tous genres ». Il plaide pour qu’à l’avenir les personnalités invitées par le Parlement européen fassent l’objet de procédures d’entrée spécifiques. Cela pourrait effectivement empêcher que des personnalités restent ainsi bloquées, suite à des manquements administratifs, mais cela ne changerait rien au sort des milliers d’exilés qui connaissent des situations semblables.
Si cet événement agaçant a un mérite, c’est celui de mettre en lumière des problèmes administratifs qui rendent la situation de certains exilés ubuesque. Il arrive par exemple que des visas promis soient bloqués au dernier moment, alors que ceux qui tentent de fuir leur pays se sont ruinés pour obtenir un billet d’avion. Plus fréquemment encore, des promesses d’accueil ne sont jamais tenues, mettant des familles entières dans des situations infernales, où elles attendent sans comprendre pour quelles raisons, sans savoir si elles doivent envisager de s’installer où elles se trouvent ou si elles pourront trouver une situation stable, à l’étranger, le lendemain.