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Neuvaine pour la France : « Je suis noire mais je suis belle » (Ct 1, 5)

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La Neuvaine - publié le 13/03/15
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​Retrouvez cette semaine la méditation de l’abbé Ronan de Gouvello, consacrée à la Vierge Noire vénérée à Rocamadour.
Ce verset du Cantique des cantiques, est écrit en lettres d’or sur le retable du XVIIe siècle qui orne la chapelle Sainte-Anne au sanctuaire de Rocamadour. Comme un millier de sanctuaires en Europe, dont 200 en France, ce sanctuaire vénère la Vierge Marie comme Vierge Noire. 

Elle est « noire mais belle »

Noire, pas d’abord pour la couleur de sa peau mais davantage pour l’expression de son état d’âme. Noire, c’est-à-dire frappée par une épreuve immense comme un glaive de douleur qui lui transperce le cœur. Belle car debout, ferme comme le roc dans son Espérance : cette épreuve ne l’a pas aigrie, elle n’a pas failli dans son âme immaculée.

D’où lui vient cette force d’âme ? L’Évangile des noces de Cana nous permet d’entrevoir une des grandes vertus qui habitent la Vierge Marie. Rappelez-vous la réaction étonnante de Jésus à la remarque de sa Mère : « Ils n’ont plus de vin ». Jésus semble stupéfait : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue ». Jésus comprend dans la demande de sa Mère, qu’elle L’invite à vivre dès maintenant son heure, d’anticiper le moment de sa Passion, comme s’Il lui disait : « Mesures-tu ce que tu Me demandes ? Le prix de ta requête ? ».

L’invitation de Marie aux serviteurs : « Faites tout ce qu’Il vous dira ! », semble confirmer la disposition intérieure de la Vierge. Elle fait écho à un autre passage de la Bible, 150 ans avant la venue de Jésus et rapporté par le deuxième livre des Maccabées. Une maman avait été arrêté avec ses sept fils par le tyran Antiochus Épiphane IV ; ce dernier avait envahi la Terre Sainte et cherchait à faire abjurer les juifs en les contraignant à manger de la viande interdite par la loi. Certains renièrent l’alliance de leurs pères, d’autres s’enfuirent, d’autres encore prirent les armes. Beaucoup furent martyrisés pour leur fidélité. Le récit de la mort de cette famille est bouleversant ; l’on voit la maman encourager ses fils à être fidèles à Dieu au prix de leur vie, au prix de sa maternité. Dans une très grande cruauté, Antiochus mis en échec par la résistance héroïque de ces enfants, fit périr un à un chacun d’eux. « Éminemment admirable et digne d’une illustre mémoire fut la mère qui, voyant mourir ses sept fils dans l’espace d’un seul jour, le supporta courageusement en vertu des espérances qu’elle plaçait dans le Seigneur. Elle exhortait chacun d’eux dans la langue de ses pères, et, remplie de nobles sentiments, elle animait d’un mâle courage son raisonnement de femme »  (2M 7,20-21). Bien plus qu’une simple mort héroïque, cette maman enfantait l’humanité entière dans l’espérance de la résurrection des morts : pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité était explicitement confessée la foi en la résurrection, au prix de sa maternité.

À Cana, la Vierge Marie offre son Fils, son unique, Celui qu’elle chérit, quand elle porte dans son cœur le désir du Salut du monde, le don de la vie en surabondance (Jn 10,10). La Vierge Marie connaît le prix de notre Salut, le prix de notre sainteté car on ne devient saint que parce que quelqu’un l’a désiré pour nous. Rappelez-vous Blanche de Castille pour saint Louis, sainte Thérèse de Lisieux pour Pranzini. La sainteté naît d’une maternité spirituelle. « Mon premier enfant », s’exclamera sainte Thérèse à l’annonce du signe de conversion du criminel avant son exécution. 

La France a comme patronne principale la Vierge Marie et patronnes secondaires sainte Jeanne d’Arc et sainte Thérèse. Prier pour la France, c’est choisir de s’offrir dans une maternité d’Espérance, quel qu’en soit le prix, pour que le Seigneur nous donne les saints dont notre pays a tant besoin. Ce temps de Carême peut être vécu comme une invitation à parrainer un saint ou une sainte du nouveau millénaire dans le secret du cœur, dans le silence des petits sacrifices et de la fidélité à la prière. Que Notre-Dame nous introduise à cette école de l’Amour dont elle est la pédagogue éminente, le modèle héroïque de la Mère dans les bras de laquelle on ne connaît aucune déception.

L’abbé Ronan de Gouvello a été ordonné prêtre en 1998 par Mgr Gaidon pour le diocèse de Cahors. Il est actuellement curé de la paroisse de Gramat et recteur du sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour.

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