La proposition de loi Clays-Leonetti sur la fin de vie sera débattue demain à l’Assemblée nationale. Quelques-uns, notamment dans les rangs d’Europe Ecologie-Les Verts, militeront pour une adoption directe de l’euthanasie dite active, c’est-à-dire la mort immédiate. D’autres, peu nombreux, refuseront ce pas de plus d’une idéologie délétère. Certains ne seront pas dans l’hémicycle, d’autres auront buvette, une autre partie des députés s’abstiendra. Elle sera votée, en l’état, et il faudra se féliciter d’un compromis consensuel. Nous aurons peut-être même droit à quelques variations émues sur le thème de l’unité politique. Et de fait, on pourrait dire que c’est « mieux que pire ». Que pire, car ce compromis n’est envisagé que parce que le président actuel s’était bel et bien engagé à faire pire. Aucune raison donc de se réjouir ou d’être simplement soulagé. Un moindre mal restera toujours un mal. Le fait qu’il soit adopté démocratiquement, et peut-être même largement adopté, n’en fera pas un bien pour autant.
Il est même permis de se demander plutôt si l’on pouvait réellement faire pire.
Concrètement, il est prévu que l’alimentation et l’hydratation artificielles sont des traitements. La raison de cette précision est que la loi prévoit déjà la possibilité d’interrompre les traitements, mais pas les soins. Une controverse s’était donc développée sur la qualification de l’alimentation et de l’hydratation artificielles. Leur arrêt permettra notamment l’euthanasie des personnes dans le coma. Comme il ne pourra en effet s’agir de laisser ces personnes sans alimentation ni hydratation, une sédation sera réalisée, ne serait-ce que pour le confort des proches. On peine à distinguer la différence entre cette situation et l’euthanasie, dans la mesure où le patient dans le coma n’est déjà pas réactif. Si la sédation peut se différencier de l’euthanasie lorsqu’il n’est pas injecté au patient un produit dans le but de le faire mourir immédiatement mais afin de l’endormir et de le soulager jusqu’à la mort, quel sens cela a-t-il dans le cas d’un coma ? À moins peut-être qu’il ne s’agisse se soulager les souffrances que l’on inflige ou de s’assurer que, si le patient est malgré tout conscient mais simplement incapable de communiquer, comme des cas récents l’ont illustré, il ne reste pas trop longtemps seul face à la perspective de la mort qu’on lui donne.
Il est également prévu que les directives anticipées s’imposent au médecin, sauf à ce qu’elles soient manifestement inappropriées. Si ce n’est pas exclu, il est déjà à craindre qu’elles ne soient guère considérées comme « manifestement inappropriées » dans le sens d’un arrêt des traitements et d’une sédation : on imagine plutôt qu’un médecin pourra se délier d’une directive visant à l’obliger à maintenir en vie coûte que coûte.
Mais, au risque de vous choquer, je ne crois pas à vos directives anticipées, qui ne sont qu’une vaste tartufferie. Je ne crois pas un seul instant à la capacité de qui que ce soit à se projeter de manière fiable dans le face-à-face avec la mort. Ces directives sont au final une façon pour les proches et les soignants de libérer leurs consciences. Lire la suite sur le blog de Koz Toujours