La vedette des bourreaux de l’État islamique est un Londonien né au Koweït. Un diplômé de l’université de Westminster que les services de renseignement britanniques avaient tenté de recruter.
Les informations du Washington Post ont été corroborées par d’autres médias tant britanniques qu’américains : « John le djihadiste », à l’accent « so british », qui aurait égorgé trois Américains, deux Britanniques et plusieurs Syriens, se nomme Mohammed Emwazi. Né au Koweit, rejeton d’une une famille aisée, il a grandi dans l’Ouest londonien et a obtenu un diplôme de programmation informatique. Il apparaît masqué dans sept vidéos de décapitation du groupe État islamique (EI) (I-télé).
« Selon d’anciens otages de l’État islamique, [il] faisait partie d’un trio de djihadistes britanniques affecté à la garde des prisonniers dont les membres ont été surnommés John, Paul et Ringo, en référence aux Beatles à cause de leur accent » (Le Figaro).
« Un garçon sans problème »
Le jeune Emwazi est « un garçon sans problème jusqu’à sa radicalisation », relève La Tribune de Genève : bon élève, il aimait le foot, portait gentiment son uniforme rouge et col blanc, et sa famille est décrite comme « paisible » et « appréciée » par un ancien voisin. « Son père dirige une entreprise de taxi, sa mère est femme au foyer. » Étudiant en informatique à l’université de Westminster, il est perçu comme « poli » et s’habillant avec des vêtements à la mode.
« Mais son comportement évolue, signe, peut-être, d’un début de radicalisation. Il se laisse pousser la barbe et évite les contacts visuels trop appuyés avec les femmes. 2009 semble être une année-charnière pour Emwazi, qui commence à faire l’objet d’une attention particulière du service britannique de renseignements intérieurs (MI5). »
Des moyens sous-dimensionnés
Pourquoi ceux-ci ont-ils laissé filer en Syrie ce futur bourreau de l’État islamique sous le nom de « Abu Abdullah al-Britani », après l’avoir surveillé pendant cinq ans ? Le Premier ministre David Cameron est monté au créneau vendredi pour saluer « l’impressionnant travail » des organes de sécurité mis en cause par les médias. Ceux-ci affirment qu’après avoir empêché Mohammed Emwazi d’entrer en Tanzanie en 2009, les services secrets avaient tenté de le « retourner » pour en faire un informateur, ce qu’il avait refusé. Malgré l’interdiction de quitter la Grande-Bretagne, il a réussi à rejoindre la Syrie au milieu de l’année 2013. Il se rappellera une première fois au souvenir des Occidentaux en août 2014, comme bourreau masqué mais s’exprimant dans un parfait anglais, dans la vidéo mettant en scène l’égorgement du journaliste américain James Foley (Aleteia).
« Pour Olivier Guitta, consultant en sécurité et risques géopolitiques à Londres interrogé par l’Agence France-Presse, les moyens humains disponibles ne sont pas à la hauteur des défis posés par la menace terroriste, que ce soit au Royaume-Uni, en France ou aux États-Unis. "Pour surveiller une personne, il faut 30 officiers. Mettons qu’il y ait
1 000 personnes à surveiller en Angleterre, vous avez besoin de 30 000 officiers. Nous ne les avons pas", confie-t-il » (Le Monde).