La journaliste Marie-Ève Bourgois effectue un tour de France à la rencontre de la foi des Français. Découvrez Anastasie qui habite Bernwiller, un petit village du Haut-Rhin.C’est à Bernwiller, un petit village du Haut-Rhin, que j’ai rencontré Anastasie. Cette femme au fort caractère, aux yeux clairs et à la voix grave s’est convertie à l’orthodoxie à l’âge de 30 ans. Aujourd’hui, elle mène une foi paisible et heureuse, dans un style de vie à contre-courant de la société modernisée.
Anastasie est née en Alsace, dans une famille protestante originaire de Suisse. À l’adolescence, elle délaisse la religion. Avec un accent très prononcé, elle s’explique : « Je suis tombée dans le panneau, comme tout le monde. On pensait faire mieux que nos parents, c’était complètement ringard de croire », se souvient-elle. Une dizaine d’années plus tard, elle se convertit à l’orthodoxie et affirme aujourd’hui ses croyances. « C’est un peu difficile de concilier le monde et la vie ecclésiale. Mais à partir du moment où tu fais le pas, à 30 ans passés, t’es obligée de faire des efforts. Ça tombe pas du ciel, c’est un travail. »
Elle nourrit ainsi sa foi à travers la prière, les remerciements et une « espèce de rigueur dans le quotidien » qui lui permet de reconnaître que le dimanche, « c’est le jour du Seigneur ». Elle n’est pas certaine que sa conversion à l’orthodoxie l’ait rendu plus heureuse, mais elle assure qu’elle lui a permis d’adopter un point de vue différent sur les gens. « On s’exerce plus à la tolérance, on essaie de laisser chacun faire son chemin sans jugements. Tu as aussi un peu plus envie de te pencher sur leurs problématiques. » Et si elle a toujours su reconnaitre la beauté des choses ordinaires, notamment celles de la nature, elle l’apprécie d’autant plus aujourd’hui. « C’est la création. Tu te rends compte que tu fais partie de cette création, que tu es un être unique qui n’existera qu’une fois. La vie est très courte et le bonheur, il ne faut pas trop le gâcher. »
Un univers orthodoxe loin des clichés d'austérité
Anastasie est une femme très positive et optimiste qui ne saurait perdre une occasion de laisser éclater son rire contagieux. « Moi j’aime bien rigoler, c’est la base. La grosse déprime ce n’est pas pour moi, enfin ça me pend au nez peut-être ! », s’esclaffe-t-elle. C’est d’ailleurs avec bonheur qu’elle se souvient de ses premiers pas dans le monde orthodoxe, au cœur d’un monastère grec. « J’appréhendais un peu, je pensais que ça allait être très sérieux ! Mais j’ai jamais autant rigolé ! »
Elle regrette la façon austère dont sont perçus les monastères en France et qui reflète l’image globale qui colle au christianisme. « Ce qui dérange beaucoup les gens, c’est l’interprétation culpabilisante du christianisme, qui n’est qu’une interprétation. C’est gênant parce que je crois que c’est bloquant. » Très ouverte d’esprit et relativiste, elle défend une approche bienveillante des erreurs au sein de la religion. « On n’est pas parfait ! Toute notre vie terrestre ne va être qu’un trébuchement personnel. L’essentiel, c’est qu’on ne fasse pas systématiquement les mêmes erreurs, qu’on progresse. » Lire la suite sur 1 France 100 Visages