Pour ce turbulent prêtre copte, le dialogue avec l’Islam est un combat de boxe qui se gagne par KO. Sa tête est désormais mise à prix 60 millions de dollars par Al-Qaïda.
Ne vous fiez pas à son faux air de Père Noël. Derrière sa barbe fleurie et son visage rond se cache un orateur redoutable, une star de la télévision satellitaire dont les émissions sont regardées par des millions de téléspectateurs dans tout le Moyen-Orient. Il emploie sa grande connaissance de l’islam pour dénoncer les textes qui lui semblent incohérents ou encourageant à la violence. Emprisonné plusieurs mois en Égypte, il vit à présent en exil, mais le succès de ses émissions a poussé Al-Qaïda à lancer une fatwa contre lui, promettant une rançon de 60 millions de dollars à celui qui l’exécuterait.
Un érudit à la méthode éprouvée
Bien qu’elle le force à se cacher, cette fatwa, a encore renforcé la visibilité du père Botros, dont les émissions ne peuvent pas être brouillées depuis l’avènement d’Internet. Il s’en amuse avec son style inimitable : « 60 millions de dollars, s’exclame-t-il ? Je vaux plus que cela, car ma vie a été rachetée par le précieux sang du Christ ! ». Bien qu’il réalise des émissions consacrées à la théologie chrétienne, ses vidéos les plus regardées concernent l’islam. Le père Botros connaît les textes sacrés mieux que bien des imams et cherche les incohérences, les extraits qui paraissent valider des injustices ou des impossibilités physiques. Il invite régulièrement des imams à se confronter avec lui, mais les candidats se font rares…
Infréquentable
L’Église copte est gênée par ce clerc bouillant, elle qui souhaite avant tout – et c’est bien compréhensible – vivre en paix avec ses voisins musulmans. Si les émissions du père Boutros encouragent une grande partie des musulmans qui les regardent à s’interroger sur leur religion, elles pourraient aussi pousser une autre partie à s’en prendre aux chrétiens. Or, bien que le père soit impeccable dans la forme – parlant posément, argumentant tout –, il n’en reste pas moins qu’il s’en prend à ce qu’il y a de plus sacré pour un musulman, le Coran. Il est facile de comprendre ses motivations, son frère, prêtre copte, a été lui aussi accusé d’évangéliser les musulmans : il a eu la langue tranchée et a été exécuté.
Attaques en règle
Parmi les thèmes abordés, il dénonce des fautes grammaticales qui existeraient dans le Coran, les « noms d’Allah » hérités du paganisme ou le mariage de de Mahomet (52 ans) avec Aïcha (6 ans). Ces émissions sont choquantes pour nous Occidentaux qui avons pour habitude d’éviter les « sujets qui fâchent ». Zacharia Botros fait tout l’inverse, il va chercher ce qu’il y a de plus problématique et le met sous les projecteurs.
Les émissions qu’il donne sur son plateau TV au décor suranné sont infiniment plus acides qu’un dessin de Charlie Hebdo ! Voir l’une d’entre elles permet de mesurer la violence qui peut exister dans les rapports interreligieux en Orient. On voudrait lui demander de mettre de l’eau dans son vin si aigre… Heureusement, il répond aussi avec beaucoup de bienveillance aux questions des musulmans sur la Sainte Trinité, la divinité de Jésus, etc. Il susciterait beaucoup de conversions dans les pays musulmans, et met un point d’honneur à s’entourer dans ses émissions de musulmans convertis au christianisme.