Le terrorisme islamique est devenu un rendez-vous quotidien de l’actualité nationale et internationale. Derniers épisodes : en Australie, en France et dans un film poignant sur le djihad au Mali.
Alors qu’une prise d’otages à Sydney (3 morts, dont le preneur d’otage, 4 blessés) met l’Australie dans un état de choc analogue à celui du Canada, car ces deux pays pouvaient se croire à l’abri, la France est depuis longtemps en première ligne en Europe. Un coup de filet anti-djihad (ou jihad) vient de se dérouler simultanément dans au moins trois régions pour démanteler une filière de recrutement de combattants pour la Syrie. Une dizaine d’interpellations ont été effectuées, dans la région de Toulouse (Haute-Garonne), en Normandie et en région parisienne, par la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire française et des hommes du Raid (unité d’élite de la police), assistés d’importantes autres forces de police.
Plus de 80 % de candidats au djihad en un an
C’est le fruit de mois d’enquête sur une dizaine voire une quinzaine d’objectifs visés, notamment à partir de braquages destinés à financer le terrorisme : « Ces arrestations se sont déroulées à la suite d’investigations menées par la police judiciaire dans le cadre d’une enquête sur des vols à main armée qui a mis au jour la "filière du Tarn" » (Sud-Ouest).
Il est vrai que les enquêteurs ne savent plus où donner de la tête : « Le nombre de candidats au jihad syrien a bondi de plus de 80 % depuis début janvier, selon de récentes déclarations du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve » (Libération). Les djihadistes de nationalité française seraient près de 400 en Syrie ou en Irak, environ 120 en seraient revenus et une cinquantaine y auraient perdu la vie.
«Je ne condamne pas du tout ces départs »
La réprobation du djihad en Syrie est-elle unanime ? Pas à la mosquée de Lunel, en tout cas : « Après le décès le week-end dernier en Syrie de Hamza et Karim originaires de Lunel, le maire avait souhaité que "les représentants des musulmans de Lunel s’expriment clairement pour condamner fermement les départs" pour le jihad » (Le Parisien).
Répondant à cette invitation du maire de la ville, le président de l’Union des musulmans de Lunel, en charge de la mosquée, Lahoucine Goumri, a cependant cruellement déçu son attente. Devant des journalistes, après avoir affirmé que « la mosquée n’a rien à voir avec tous ces départs », il s’est refusé à les condamner : « C’est leur choix. Je n’ai pas à les juger. Seul Dieu les jugera. Si on doit condamner quelque chose, il faut condamner ce qui est condamnable. Pourquoi condamner ces jeunes qui sont partis au nom d’une injustice en Syrie et pas ces Français qui sont partis et ont tué des bébés palestiniens avec Tsahal l’été dernier ? Pourquoi est-ce qu’une mosquée condamnerait, alors que les autres religions ne le font pas ? ». Et de récidiver sur France Inter : « Je ne condamne pas du tout ces départs. Les gens sont libres de partir ou de rester : il y a des gens qui pensent que c’est un jihad, d’autres qui pensent que là-bas il y a une injustice à combattre. La mosquée n’a pas à condamner ou ne pas condamner ces départs-là ».
Lahoucine Goumri refuse aussi de s’engager dans une campagne de prévention auprès des jeunes : « Je ne vois pas pourquoi je ferais un message si dix personnes sont parties sur 6 000 musulmans, soit
0,04 % ». Mais il conseille à la jeune veuve d’un djihadiste de rester en Syrie : « Là-bas, elle touchera une pension pour les veuves. Rentrer. Rentrer pour quoi ? Peut-être qu’elle ne voit pas ce qu’elle vivrait de plus en France. Sans doute que sa vraie famille est là-bas, au milieu des musulmans » (Le Midi-Libre).
En octobre, au moins trois jeunes Lunellois avaient été tués et un quatrième blessé après avoir rejoint les rangs des djihadistes. La préfecture a dénoncé
« l’irresponsabilité affichée par cette autorité religieuse ».
Un village malien sous le joug islamique
Au lendemain de la libération de l’otage français Serge Lazarevic, enlevé au Mali il y a trois ans, sortie d’un film poignant sur ce qu’ont enduré les villageois d’un village malien, Timbuktu film d’Abderrahmane Sissako. « C’est plus qu’une énième protestation contre le jihad et l’extrémisme qui en ressort. C’est le compte rendu d’un système de terreur dans la vie de tous les jours, rapporte Hugues Maillot, dans Le Figaro-Vox . Timbuktu est aussi le moyen de montrer que les premières victimes de ce jihad ne sont pas les chrétiens ou les yézidis, mais bien les musulmans, en proie à une guerre interne qui broie les plus faibles et les voit devenir spectateurs impuissants d’une idéologie grandissante. »