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Mariage : un chrétien peut-il épouser une personne de religion musulmane ?

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Ius Canonicum - aleteia - publié le 11/12/14
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S’il est fondamental que les fiancés soient conscients des difficultés qu’ils devront affronter, ils pourraient aussi constituer un symbole de réconciliation.
L’attitude de l’Église vis-à-vis de l’islam, exprimée dans les documents du Concile Vatican II (cf. Lumen Gentium, 16 ; Nostra Aetate, 3), ne l’empêche pas d’être consciente du fait que la différence de foi et de contexte social et juridique entre les pays de culture chrétienne et musulmane peut créer de graves problèmes au quotidien. Quid de la cohabitation matrimoniale et à la plénitude de la vie conjugale, de même que de l’exercice du droit et de l’accomplissement du devoir d’éduquer les enfants dans la chrétienté (cf. canons 1055 § 1 et 226 § 2) ?

C’est pourquoi Église a établi des empêchements aux mariages mixtes du fait des difficultés qu’ils impliquent presque toujours, et parce qu’ils empêchent l’intime communion entre les conjoints.

Lorsque le législateur canonique exige, de celui qui demande une dispense pour se marier avec une personne de religion musulmane, la promesse de faire ce qui est en son pouvoir pour que ses enfants soient baptisés et éduqués dans la foi catholique, il est conscient de la difficulté de maintenir cette promesse. Car elle sera confrontée au quotidien non seulement aux devoirs religieux du musulman pratiquant, mais également, lorsque la partie musulmane se trouve être l’homme, aux dispositions juridiques qui dans le droit musulman obligent l’enfant à suivre la religion du père.
 

Attitudes et orientations pastorales générales

Tous ceux qui doivent traiter pastoralement ces cas ont besoin, face à l’islam et aux musulmans, d’une attitude de connaissance qui les libère des topiques traditionnels, et en même temps de responsabilité pour respecter et découvrir le projet de Dieu dans d’autres chemins religieux que le chemin chrétien. « L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. » (Nostra Aetate, 3).
 
Les pasteurs doivent surtout faire preuve de tact et d’audace, fruit de la plus grande charité, pour reconnaître les exigences réciproques et les traits spécifiques (culturels, religieux, juridiques et pédagogiques) de ces mariages, allant jusqu’à les déconseiller fortement si les faits l’imposent. Le tout accompagné d’une grande miséricorde pour comprendre, accueillir et collaborer à chaque cas concret.
 

Attitudes particulières en vue du discernement et de la préparation 

À côté de l’accueil, le service le plus important que l’on peut offrir aux parties dans le processus du dialogue pastoral est de permettre à chacun de prendre conscience, de façon loyale, sereine et conjointe, des distances personnelles, culturelles et religieuses qui les séparent, et qui demeureront parce qu’elles ne peuvent être complètement dépassées. Il est d’une nécessité cruciale pour la solidité future du mariage que les deux futurs conjoints prennent la mesure de la façon la plus objective possible des difficultés qui se présenteront inéluctablement à eux, à plus forte raison lorsqu’ils auront des enfants.
 
Il est important que le chrétien sache que, dans un environnement musulman, l’amour entre l’homme et la femme n’a ni la même forme, ni la même expression que dans la conception traditionnelle de l’Occident chrétien. La partie musulmane, en dépit de ses efforts d’adaptation à la langue et à la culture occidentale, continuera à être normalement et légitimement conditionnée par ses propres catégories religieuses et socio-culturelles islamiques, si bien que les conceptions occidentales chrétiennes de la famille risqueront de la désorienter, l’empêchant ainsi de comprendre dans leur globalité la sensibilité et les réactions de son conjoint ou conjointe et de son environnement.

 

D’un autre côté, habitué à l’accueil, à l’hospitalité traditionnelle et aux nombreuses visites à la famille et aux proches, le musulman acceptera difficilement les comportements actuels de réserve, d’individualisme ou d’apparent recul que l’on peut observer dans la société occidentale, en pouvant également les interpréter comme du mépris.
 
Une fois le discernement effectué, si le couple décide de façon consciente et mature de poursuivre sa démarche, il devra faire preuve d’une créativité très spéciale, ce qui constitue déjà en soi un grand enrichissement. Ils devront inventer un style de vie propre qui devra, plus encore que pour les autres couples, faire appel aux qualités essentielles du cœur, comme la compréhension, la délicatesse et la patience, mais surtout d’un amour de grande qualité.
 
Pour célébrer le mariage chrétien avec disparité de culte, il est indispensable que la partie musulmane soit consciente, et de façon très précise, des exigences que comporte le mariage, en abandonnant certains éléments permis par la loi islamique (divorce, polygamie…), qui n’ont rien de strictement incompatible avec l’islam.
 
Bien que le succès de ces mariages soit très problématique et exige (nous ne nous le répèterons jamais assez) une préparation très sérieuse et engagée, lorsque ceux-ci se réalisent suivant les garanties adéquates, ils peuvent être très féconds. Cela peut être l’occasion sur le plan religieux d’un réel approfondissement de la dimension religieuse personnelle. Il serait bien dommage d’éluder ce devoir en se réfugiant dans l’indifférence. Au contraire, ce sera par un parcours spirituel et une plus grande fidélité en tant que croyants que les jeunes époux pourront trouver la force et la certitude de mener à bien leur projet commun.

Cette rencontre et confrontation islamo-chrétienne peuvent être source d’une plus grande exigence, qui invite le couple à se tourner ensemble vers l’essentiel : Dieu, qui au-delà de tout ce que les discours humains pourront dire à cet égard. Le mariage mixte, par ailleurs, confère au dialogue islamo-chrétien une autre dimension, plus étendue que les rencontres d’experts, parce qu’il s’enracine dans la pleine réalité humaine, à travers la vie quotidienne et se multiplie dans de nombreuses familles.

Ces mariages, concrétisés de façon sérieuse, sont un signe de réconciliation possible entre les peuples, entre les races et les religions, et ils représenter être un enrichissement pour les communautés humaines et religieuses en témoignant du fait que les particularismes, les visions étriquées et les racismes de n’importe quel type peuvent être dépassés. Et il est souhaitable que certains mariages mixtes acquièrent la conscience d’une mission de réconciliation et de paix enracinée dans la propre existence. 

Article traduit et adapté de l’édition italienne d’Aleteia par Solène Tadié.
 

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